Le réalgar est un minéral, un sulfure d'arsenic aux cristaux rouges. Exposé à la lumière, il se transforme en pararéalgar de couleur jaune-orangée et qui est proche de l'orpiment. Ceux qui en possèdent le conservent donc dans le noir. Connu de très longue date, son nom vient de l'arabe signifiant « poussière de caverne » ou « poudre des rats ». François Villon au XVe siècle le mentionnait dès le début d'une de ses ballades :
«En réalgar, en arsenic rocher,
En orpiment, en salpêtre et chaux vive,
En plomb bouillant pour mieux les émorcher,
En suif et poix détrempés de lessive,
Faite d'étrons et de pissat de juive,
En lavaille de jambe à méseau,
En raclure de pied et vieux houseau,
En sang d'aspic et drogues venimeuses,
En fiel de loup, de renard et blaireau,
Soient frites ces langues envieuses !... »
Il se rencontre principalement dans les filons hydrothermaux de basse température et dans les fumerolles des crassiers du houiller en cours de combustion. Dans les fumerolles, le réalgar est très souvent associé à l’orpiment.
Anne Michaud a écrit ( « Il était une fois... les crassiers », 1995, consultable sur le site des Amis du Vieux Saint-Etienne) : « Dans des conditions particulières, les terrils en combustion donnent lieu à des cristallisations diverses : salmiac, soufre... et celle, spectaculaire, du réalgar, résultat de la sublimation de vapeurs d'arsenic. Bien que n'ayant pas de valeur marchande importante - le réalgar est un minéral instable -, les crassiers furent l'objet d'une véritable ruée. Les conditions de récolte (les collectionneurs de minéraux venaient encordés, la nuit, pour échapper à la surveillance des gardes !) et le contexte (rivalité entre collectionneurs, principe de chasse gardée) ont contribué à tenir secrète cette collecte et tabou le réalgar. On ne peut que le regretter car cette création suggérant une des plus belles représentations du crassier (celui d'un alchimiste qui transforme la crasse en pierre précieuse), l'auréole d'une dimension mythique : processus de régénérescence comme un Phénix qui renaît de ses cendres... »
Le crassier Saint-Pierre à La Ricamarie, qui accueillit les déblais du Puits Pigeot, est resté célèbre dans le petit monde de la minéralogie, notamment pour son réalgar. Des passionnés du club minéralogique stéphanois (CMS), lors d'une exposition à Villars, il y a quelques années, nous avaient parlé, les yeux brillants, de leurs escapades et trouvailles. « C'était magnifique. On voyait la nature y faire son oeuvre ».
Les photos qui suivent, de réalgar ricamandois, nous avaient été communiquées par Yves Masson, du CMS (/dr).