Une centaine d'affiches de spectacles présentés à Saint-Etienne sont exposées à la Bourse du Travail jusqu'au 31 septembre.
Une petite soixantaine de personnes ont investi la salle des conférences de la Bourse du Travail pour l'inauguration de la nouvelle exposition des Archives municipales : Le spectacle s'affiche.

Sous l'allégorie de Victor Zan, le costume d'un choriste de Thais, opéra de Massenet présenté à l'Eden en janvier 1957
L'intérêt de l'expo, qui met en lumière près de cent affiches de spectacles des établissements publics stéphanois, est double. D'une part, elle nous invite à parcourir un siècle d'histoire de l'art. Car si l'affiche est un outil de communication servant à vendre un spectacle, elle est aussi une épreuve d'artiste. A travers les différentes affiches présentées, le visiteur peut mesurer, à l'aide de panneaux détaillés, toute l'évolution de l'art du XXe siècle. Ainsi, dans l'affiche du Grand Concours Musical de 1899, l'art nouveau pointe le bout de son nez à travers le lettrage « libéré » des dates, avant d'investir franchement l'affiche du Concert-Conférence en souvenir de la Commune de 1905. En revanche, dans les années 1920-1940, l'art nouveau marque un retour aux formes géométriques comme l'illustre l'affiche de Thais dessinée par le Stéphanois Martin Dupin. L'exposition permettant au passage de saluer le travail des artistes locaux qui ont signé de nombreuses productions pour les établissements de la ville: Michel Politzer, Roland Forgues...
.

.

L'exposition permet aussi de voyager dans le temps et de nous souvenir, comme le fait remarquer Mme Broué, adjointe à la culture, que Saint-Etienne est depuis cent ans une vraie ville de spectacles vivants. Les lieux emblématiques du spectacle à Saint-Etienne eurent pour nom le théâtre Massenet, construit place des Ursules en 1853, détruit dans un incendie 75 ans plus tard; l'Eden Théâtre qui prit la relève ; l'Etoile Théâtre de la place Badouillère dont Claude Cros, dans Le beau navire, écrit qu'"il fut le plus célèbre lieu de plaisir de la ville". Mais aussi la salle de conférence de la Bourse - où se tient l'expo et où je prends des photos comme un touriste japonais - construite en 1904 et qui tint son rôle jusqu'en 1989. Mentionnons encore la salle Jeanne d'Arc, ouverte en 1944 et rachetée en 2005 par la Ville.

Et beaucoup d'autres encore, plus modestes et dont on n'a pas relevé les noms. Sans parler du chimérique Palais du Peuple, jamais sorti de terre, et les grandes salles actuelles : la Comédie fondée par Jean Dasté ("mais qu'est-ce que tu vas foutre chez les gueules noires ?" lui demandait Jouvet) et l'Esplanade. En attendant le Zénith... Une grande histoire en somme, très bien décrite par cette exposition.
.

Les Troyennes d'Eschyle version moderne.
Les amateurs de photo reconnaîtront le célèbre visage de la jeune fille afghane de Steve Mc Curry
A voir aussi de très beaux costumes de scène fabriqués par les ateliers de la Comédie et de l'Esplanade Opéra Théâtre: Madame Butterfly, la Reine de Saba... Et trois films projetés pendant toute la durée de l'exposition : "Rencontre avec Jean Dasté", "Les coulisses de l'Opéra", "VIIème festival Massenet 2003".
.

Ce vernissage était suivi d'une représentation théâtrale au rez-de-chaussée, au pied du Grisou et de la Grève de Victor Zan. Elle fut assurée par les trois compères de la compagnie Babel qui, à partir de documents dénichés aux archives, ont retracé avec humour l'histoire des arts du spectacle à Saint-Etienne. On entend l'écho des grands ancêtres sur les premières planches de Chavanelle au XVIIe siècle, puis sur celles de la Rue Neuve et au théâtre Kloquemann, jusqu'au Palais du Peuple fantasmé dans les années 1930. Sans oublier bien sûr le passage (douteux) de la troupe de Jean-Baptiste Poquelin et celui du théâtre Pitou et tous les autres, plus ou moins populaires. Ce fut l'occasion d'écouter les savoureuses critiques de la belle époque, les appels à la culture, les ragots des coulisses, les exploits des jardins, et se moquer aussi avec tendresse du petit monde des comédiens.
.
