Entrez braves gens et venez visiter « L'Histoire sur son 31 - élégance forézienne ». Cette exposition a été présentée par l' Ecomusée d' Usson-en-Forez en 2007. Tenue correcte non exigée, tout le monde peut entrer. Même les pagnots !
Le musée a accepté de nous confier ces images afin de les rendre publiques. Non seulement des photos mais aussi les textes les accompagnant, autrement dit la scénographie de l'expo, telle qu'elle fut présentée au public dans les Monts du Forez.
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L'Histoire sur son 31 - élégance forézienne
Le fonds constitutif de l'écomusée des monts du Forez (fonds Folléas) riche de plus de 3000 pièces de collection issues du quotidien des monts du Forez et du Velay proche, ne possédait pas, ou très peu, de tenues vestimentaires. Les acquisitions et les dons successifs réalisés par le musée, ont permis un réel enrichissement de la collection. Aujourd'hui, cette série de « costume-témoins » donne à voir l'apparence vestimentaire du peuple de la campagne du centre de la France, depuis la fin du 19ème siècle. L'exposition " L'histoire sur son 31 ", enrichie du fonds historique de l'Atelier du Théâtre Libre (Saint-Etienne) met le costume au centre des présentations. Il devient porteur de nouvelles et personnage de romans éphémères. A travers la rigueur esthétique et historique, nous souhaitons ainsi amener le visiteur à ressentir, à la dérobée, les émotions enfouies dans son jardin secret où dorment ses souvenirs.
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Le nez dans les étoiles, 1840
Daumier : Recherche infructueuse de la planète Leverrier (lithographie, 4 décembre 1846, planche 55 de la série des Bons Bourgeois).
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" Pendant les périodes de sa vie où la satire politique lui est interdite (...) s'il ne peut plus continuer la critique du pouvoir, il poursuivra celle de ceux qui ont produit ce pouvoir, « les bons bourgeois » (...) avec la générosité cinglante d'un sarcasme presque compatissant. Une part de lui est proche d'eux. "
In Daumier, Ed. d'Art Albert Skira, 1991.
La figure dominante de l'époque est le riche bourgeois respectable, modeste et sobre, mais toujours impeccable. Le vêtement masculin est ainsi caractérisé par une certaine raideur, une certaine austérité : frac, dérivé de la redingote taillé dans un tissu uni de couleur sombre; gilet et pantalon dans un ton différent; col de chemise, haut et empesé; foulard large et carré, en soie, artistiquement replié; gants. La robe de la femme bourgeoise demeure toujours très ample et longue, laissant à peine apercevoir l'extrémité de la bottine ou du soulier. Q'une femme montre sa cheville était de la plus haute indécence ! Jamais le costume féminin ne fut plus fermé qu'à cette époque. A partir de 1840, aux volumineux chapeaux de la décennie précédente succèdent de modestes bonnets noués sous le menton, ceignant bien la tête. Le châle, à nouveau en vogue, est immense et souvent frangé.
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Le temps des crinolines, 1860
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Lorsque, vers 1855, revint la mode de la crinoline, les femmes durent éprouver un nouveau bien-être. Elles n'étaient plus entraver dans leurs mouvements par d'innombrables jupons et pouvaient au moins remuer les jambes librement sous leur cage métallique. Certes, la crinoline dissimule totalement le corps, mais elle est terriblement suggestive, ondulant à chaque mouvement du corps. La préférence marquée de l'Impératrice Eugénie pour les robes unies qui mettent en valeur sa silhouette, entraîne toutes les femmes à porter des taffetas bruissants et luisants qui conviennent tout particulièrement à cette jupe ballonnée.
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Le déjeuner sur l'herbe en 1905, d'après la peinture de Claude Monet
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En France, les années qui précèdent la Grande Guerre correspondent, en gros, à l'étourdissement caractéristique de la Belle Epoque. Les gens sortent, vont aux courses, organisent des parties de campagne... 1900, le temps est venu pour les femmes de porter des vêtements plus rationnels et plus confortables. C'est alors que naît le costume tailleur, ou deux-pièces : veste, ou corsage et jupe. Ce costume fut aussi adopté par les femmes de classes aisées pour partir à la campagne ou en voyage.
La dame assise sur un pliant est en jupe et corsage de lin beige brodé et ajouré. Le monsieur étendu porte un gilet damassé vieil or broché de fleurs rouges, caleçon et pantalon de coton blanc La femme à l'ombrelle est vêtue d'une jupe et d'un corsage en broderie anglaise; son compagnon a un costume en coton piqué blanc et porte un canotier. Le canotier apparu d'abord comme chapeau d'enfant vers 1865 puis pour femmes et enfin pour hommes vers 1880. Mis à la mode par les amateurs de canotage, ce fut le chapeau d'été des hommes jusqu'en 1930-35.
Les bottines, lacées ou boutonnées, en cuir ou en tissu restent très à la mode, tout comme les guêtres pour les hommes. La dentelle orne les corsages à profussion, et celles qui ne peuvent s'en offrir la remplacent par le crochet.
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La fileuse à la quenouille, 1910
Confidences d'un petit garçon au retour de l'école à sa mère.

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L'enfant porte une veste de laine gancée typique des artisans de cette époque. Sa mère est coiffée selon la tradition forézienne. Les matériaux et la coiffe indiquent un ancrage dans la tradition que la pauvreté et l'isolement des campagnes aident à perdurer tout en l'adaptant à l'ère du temps : jupe et veste reprisées.
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Sur le quai de gare, 1916
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Les voyageurs attendent le train, on distingue un abbé, une dame professeur de musique, un randonneur, un soldat. En face, la dame au chemisier, une infirmière, une mère bourgeoise et son enfant. Pour les femmes au travail dans les usines, dans les champs... à la place des hommes absents pour cause de guerre, l'élégance cède le pas au pratique. Ce sont ces femmes que retrouveront les hommes démobilisés.
La femme s'est libérée, le costume féminin a renoncé aux volumes, les tissus se sont assouplis, les coloris sont audacieux. La transformation s'est imposée lentement grâce aux mouvements féministes - en réclamant l'égalité des sexes-, à la haute couture, aux sports d'hiver et aux loisirs (natation, cyclisme, tennis...) - nécessitant des tenues adaptées -, à l'intensification des déplacements (train, automobile, vélocipède, autobus...) - imposant aux corps de nouvelles attitudes et contribuant à la transformation du vêtement.
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La Libération, 1945
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On affiche résolument la liberté retrouvée. C'est à cette époque que l¹habillement s'organise sur des bases nouvelles, le « sur-mesure » -travail fait à la main- côtoie maintenant « la confection » - mesures industrielles - et la « couture en gros » - travail en série avec prédominance de la machine -.
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Le piquet, 1950
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Dans les milieux pauvres les vêtements étaient souvent portés de frère en frère, de génération en génération. C'est le cas pour nos deux « galopins » dont l'un deux écrit « si j'aurais su jaurais pas venu... », hommage à La guerre des boutons d'Yves Robert.
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Scène de rue, 1950
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L'accordéoniste avec son accordéon d'avant guerre, sa capote de la guerre de 14, sa chemise américaine de la Libé, n'est pas dans le paraître mais son écharpe à pois témoigne que la mode est là aussi. Pour l'élégante, la jupe plus allongée, la veste cintrée, le chapeau coiffant, redonnent à la silhouette féminine une élégance qui s'affranchie.
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Le permissionnaire, 1958, et L'enfant au pain et sa grand-mère, 1970
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Soldat de la guerre d'Algérie en permission avec sa fiancée. L'influence américaine, le swing, puis le twist révèle une mode où le corps danse, les jupes volent, la liberté continue de s'affimer et devient revendicatrice mais... la guerre est encore là .

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L'écharpe qui vole est peut-être au grand père, le pull au père. Cette grand-mère là a vécu tout le 20e siècle. Sa silhouette et son tablier en sont un témoignage. Elle attend avec sérénité l'enfant qui court vers elle. Ils ne sont pas encore à l'heure de la grande signature vestimentaire des années 70 : le jean (la salopette du fermier) que l'on trouve dans toutes les classes de la société, faisant de tous les êtres humains, hommes et femmes à travers le monde, une seule et même classe sociale. Mais, ... tous deux sont résolument ensemble pour un avenir qui reste à inventer... Temps suspendu.