Thursday, December 07, 2023

La Biennale du Design 2006 a présenté les créations de 700 designers venus de 43 pays. Cet évènement unique (budget de 3,5 millions d'euros) était organisé pour la première fois par l'équipe de la Cité du Design, forte d'une trentaine de collaborateurs permanents, sous la direction d'Elsa Francès.

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Pour l'occasion, la Tour-observatoire de la future Cité a revêtu ses habits de lumière (photo: Hervé Duperron)
 
Pour la première fois, elle a investi les friches industrielles de l'ex-Giat et de la Cité Berthiez, près de la Manu qui accueillera la Cité du Design courant 2009. Soit plus de 12 000 m2 où furent présentées huit grandes expositions. Forte du succès des quatre précédentes éditions, la biennale 2006 est apparue d'abord comme une vitrine de ce que sera la Cité du Design et souhaitait mettre en évidence les corrélations qui existent entre la culture et le monde économique. Ce dernier aura en effet une place prépondérante au sein de la Cité du Design où étudiants designers et professionnels travailleront en lien avec lui.
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La place importante donnée aux entreprises ("qui sont autant de moteurs de la démarche créative") et la considération portée au design en tant qu'outil de développement économique et culturel ne devant pas, dans l'esprit des organisateurs, défavoriser la rencontre entre le grand public et les professionnels. Là  encore, il s'agissait d'annoncer en avant-première ce que sera l'esprit dual de la Cité du Design, où les visiteurs pourront échanger et découvrir de nouvelles cultures. Dans cette perspective, la biennale proposait donc également une quinzaine de conférences et colloques.
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.A noter enfin qu'elle se voulait l'événement de toute une ville et se diffusait dans d'autres lieux qui formèrent ainsi un parcours de visite de la ville : aux musées de la mine, d'art moderne, d'art et d'industrie, à  l'église Saint-Pierre Le Corbusier à  Firminy dont l'achèvement était fêté dans le même temps...
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. "La maison des nuages" de l'Italien Denis Santachiara: un espace infini où seuls les nuages se sentent à leur place (" Cohabitations-un parti-pris de matali crasset ", Fabrique 5000)
 
C'est donc logiquement le thème "Cohabitations" qui se voulait, sur notre territoire en mutation, le fil directeur de cette biennale. "Un véritable moment d'expérimentation commune" (Elsa Francès) afin de montrer la diversité des points de vue et amener les visiteurs à  s'interroger sur la société de demain qui, de plus en plus, sera faite de cohabitations voulues ou forcées, voire d'interactions. Différentes cohabitations étaient présentées sur les différents sites: entre design et biologie ("Eden ADN"), entre art et design, chimie et design ("Gooood food") etc. Elles nous touchaint de près et nous invitaient à  questionner notre rapport aux autres mais aussi avec l'environnement et le monde animal et végétal.
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Plus de 20 000 personnes ont visité la Biennale pour le seul week-end des 25 et 26 novembre. Le plus souvent après de longues minutes d'attente pour accéder aux trois principaux bâtiments du site de Carnot. Ainsi, sur notre photo, le public patiente devant le Bâtiment i où sont présentées les expos "Eden ADN" (commissaire : Anthony van den Bossche), "Juste avant la transformation" (commissaire : Ruedi Baur) et "Dark room" de Buro Destruct.
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..Une alternative (photo: H. Duperron)

Avant de nous arrêter sur l'édition 2006, un bref retour en arrière. A l'origine du projet, il y eut en 1989 Jacques Bonnaval, alors directeur de l'Ecole Régionale des Beaux-Arts de Saint-Etienne aujourd'hui Ecole Supérieure d'Art et Design. Sous l'impulsion de Josyane Franc, il s'agissait en premier lieu de mettre en place les "Workshops", c'est à  dire des rencontres entre designers et étudiants. La première édition se tint en 1998 au Parc des Expositions et proposa un panorama du design actuel (55 pays représentés) en mettant en évidence son importance dans le monde économique. La dynamique était lancée.
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Le design, c'est sa grande affaire. Parce que, dit-il, "nous avons pris conscience que si nous voulions nous en sortir, nous devions être en avance sur les modes de vie, le design et la création dans son sens large." (Michel Thiollière, sénateur-maire de Saint-Etienne)
 
En 2002, les créateurs qui y participèrent venaient de 70 pays. Avec, à  chaque fois, ainsi que nous l'avons écrit, le souci de proposer au public un éclairage sur la diversité du design dans le monde, à  travers un foisonnement d'objets qui permettent de décrypter la pensée et les enjeux de notre temps.
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"Cohabitations"
- Fabrique 5000

C'était aussi le thème de l'exposition principale, à  la Fabrique 5000, que Matali Crasset a scénographié. 64 créateurs y furent réunis avec pour mission d'aider à  la résolution d'une question - et trois problèmes de cohabitation - soulevés par l'ancienne collaboratrice de Denis Santachiara et de Philippe Starck: comment vivre ensemble aujourd'hui dans le cadre de la maison, du quartier, du monde ? Ou comment envisager son nid, avec son espace et ses objets (au ras du sol ?) pour un meilleur confort et un meilleur rapport aux autres ; réaliser la particularité " folklorique " de la vie de quartier, avec ses pratiques non-urbaines et plus humaines; mais encore s'inspirer des communautés premières pour mieux vivre notre univers moderne...
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."Fauteuil orange" de Geoffrey Cottenceau. Quelles relations à l'objet se cachent derrière ces rituels urbains en vogue ?
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Parmi les expos, le travail photographique de Geoffrey Cottenceau et Romain Rousset. Il illustre avec humour un hobby français, celui des "vide-greniers" que l'ethnologue Sophie Corbillé a étudiés. Ceux-ci transforment l'espace public en un espace marchand où l'on brade une partie de son intimité mais où la convivialité reste de mise.
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Les nanodocumentaires de Rémy Batteault sont consacrés à  un autre aspect de la ville, celui des jardins ouvriers, bien connus des Stéphanois. Le réalisateur, après avoir suivi pendant deux ans les enfants d'une école de Belleville, a filmé en 2006 les "anciens" de Côte-Chaude et du Crêt de Roch qui témoignent, avec l'accent, que la ville peut mieux se vivre au quotidien. Quand la vie de quartier, avec ses structures et ses activités, trame le "tissu de l'urbain" et l'enrichit de valeur humaine ajoutée. A découvrir aussi, dans ces étonnants petits documentaires, Allô Chanson, calqué sur le modèle d'Allô pizza et d'autres idées pour mieux vivre. Autre exposition étonnante: "Aux Râpes, etc." qui présentait la riche collection de Michel Duport. Un patrimoine étonnant de plusieurs centaines de pièces de toutes origines qui dérapait comme il se doit sur les réflexions sociologiques, historiques ou gustatives. L'occasion pour nous tous de regarder d'un autre oeil, moins ingrat, cet objet millénaire, singulier et universel.
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. Râpe pour noix de coco (Asie du Sud-Est)
"Le porte-bébé dans le monde" (ou le syndrome du kangourou) pouvait illustrer, quant à  elle, les propos du philosophe François Dagognet quand il écrit que l'Occident qui souffre de sa sophistication devrait s'inspirer des communautés premières. De l'Afrique noire au Cambodge en passant par la Nouvelle-Guinée, la manière qu'a une femme de porter son nourrisson n'a guère évolué depuis des temps immémoriaux. Ce lien que partage toutes les mères du monde avec leur enfant revêt cependant, dans ces contrées lointaines, un aspect plus naturel qui est dû, concernant le porte-bébé, à  l'utilisation de matières végétales négligées aujourd'hui par la civilisation du plastique. Sans parler de l'aspect souvent coloré des portes-bébés exotiques, et sans vouloir surévaluer leur aspect pratique.
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Le Marché
- Place Jean Jaurès
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Le Marché du Design, une nouveauté de l'édition 2006, implantée pour l'occasion sur la Place Jean Jaurès, a rencontré un beau succès. Sous un chapiteau de plus de 500m², il a baigné dans un halo de lumière orange tous les les visiteurs : amateurs à  la recherche de l'objet rare ou simples curieux. Une vingtaine d'exposants, pour la plupart originaires de Rhône-Alpes, étaient présents. Leurs pièces, datant des années 50 aux années 80 (luminaires, mobiliers industriels, déco loft, cendriers, électroménager, ustensiles de cuisine...), souvent insolites et parfois célèbres, autant-dire très chères, affichaient sans complexe la couleur et la forme de leur temps. Quant à  la déjà  fameuse essoreuse à  salade et à  petites culottes, elle coûte 50 euros et peut s'acheter chez Lulu la Brocante, à  Saint-Etienne.
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"Free Style"
- Cité Berthiez
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.Photo de Laurent Lukic
 
Des exposants indépendants, des groupements de designers et des agences proposaient dans une zone de « hors piste » de questionner à  l'infini la matière et la forme. Un espace de création où tout est possible même les contradictions et les « humeurs ». Lieu d'échange entre les milieux, les pays et les cultures, le public y était invité à  faire connaissance avec les créations des designers du Maghreb, de l'ex-Empire du Milieu, de la Neuve France et du plat pays...
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.Parasol inspiré de l'art oriental dont le système d'ouverture copie celui des éventails. La légèreté de ses matériaux fait sa légèreté visuelle. Sa structure permet en outre un jeu entre les ombres et la lumière.
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Ici étaient réunis toute une flopée d'objets, vêtements, mobilier et prototypes qu'on ne voit nulle part ailleurs. Impossible de les énumérer tous mais citons la « Coffee Table » de Vered Zaykovsky qui a recueilli tous les suffrages du 3ème âge. Il s'agit d'une petite table basse dont le plateau de verre est monté sur un savant enchevêtrement de magazines. Et la « place publique de nulle part city » de Xavier le Renard, David Moreau et Carine Boulanger : une sorte de bâtisse en bois montée sur roues, composée de 16 pièces mobiles et détachables.
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A droite: une "mini-jupe miniature" de Conny Groenewegen
En haut à gauche: création de Bertolini et Rosseton
En bas à gauche: le raphia de Modela Couture
 
"Divers tissés" permettait d'approcher les matières textiles qui s'offrent à voir en tissus, impressions et accessoires. Conçue par Céline Savoye, "Garde-robes" a invité huit stylistes de renom à présenter leurs créations de mode et de bijoux. Deux défilés suivis par un nombreux public ont montré les talents de Bill Ruterana (Rwanda) qui utilise pour ses créations les fibres végétales, le raphia et le plastique. Joseph Adebayo Adegbe (Nigéria), surnommé "Modela Couture", a recueilli aussi une très belle ovation. Il est un des plus talentueux représentants de l'avant-garde des créateurs africains. Chorégraphe autant que styliste, il travaille également le raphia mais aussi le jute en l'associant au coton, au nylon et au cuir. Ses magnifiques modèles, robes-balai ou robes-paon construits à la façon d'écailles de poisson et de queues de paon, portent des noms explicites: "Save the little lion" ou "Wake up Africa".
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.En bas, à gauche: création de Modela Couture. En haut et à droite: modèles de Bertolini et Rosseton
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A noter encore les créations chics de Conny Groenewegen, l'un des jeunes talents les plus importants de la mode hollandaise, Juliana Bertolini et Marcos Rosseton (Brésil), Zhang Da (Chine), les robes d'un noir intense de la Turque Ela Cindoruk, Odile Kurzaj (France) et Mariam Partskaladze (Géorgie).
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 Robe de Ela Cindoruk
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"Autre style"
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.Photo d'Hervé Duperron
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"Off"
- Rue Gillet
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L'hôtel du Cheval noir s'est métamorphosé (définitivement selon les « Gazelles gérantes »), grâce à  Domestic qui propose une alternative au papier peint. Plus besoin de colle ni de table à  tapisser ! Les murs, terrain de jeu des artistes, sont désormais le jardin des herbes folles et des formes incongrues.
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"Out"
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"Off"
- Bourse du Travail
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Une étonnante collection de perruques a été présentée à  la Bourse du travail de Saint-Etienne. Il ne s'agissait pas de postiches mais d'objets qui faisaient une tête au temps de travail.
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La perruque, ou pinaille, bricole ou bousillé, est en effet le fruit d'un travail clandestin que pratiquaient certains ouvriers sur leur lieu de travail. Une activité qui se faisait la plupart du temps, pour des raisons de commodité, dans des entreprises de grande taille et qu'on a parfois tenté d'assimiler à  du vol. L'ouvrier utilisait sur place des rebuts (chutes de métal) ou des matériaux bruts qui auraient pu être utilisés par l'entreprise et fabriquait des objets décoratifs ou utilitaires qu'il ramenait chez lui. C'est surtout pendant la pénurie de la seconde guerre mondiale que se développa l'art de la perruque, souvent avec la mansuétude de la hiérarchie de proximité. Certains métiers, soudeurs, tourneurs, ajusteurs et chaudronniers étaient particulièrement réputés pour leurs « perruqueurs ».
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Les objets présentés revêtaient le plus souvent une fonction utilitaire : ustensiles de cuisine, fers à  repasser, moulin à  café, dessous de plat, couteaux, gamelles, cendriers en verre... Fabriqués au Creusot, à  Firminy, à  Saint-Etienne, à  Mulhouse, ou à  la verrerie de Saint-Just-Saint-Rambert, il y avait aussi des bijoux (bagues...), des jouets et des objets décoratifs. Dans le documentaire de Bruno Dumont et Marie de Banville, projeté durant l'exposition, un perruqueur expliquait qu'il s'agissait aussi pour l'ouvrier d'inventer des objets utilitaires qu'on ne trouvait pas dans le commerce. Pour une fonction très précise et adaptée à  un besoin unique.
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C'est avec la perte du travail du manuel et l'essor des machines à  commande numérique que « le travail en douce », en tant que véritable créativité ouvrière et survivance artisanale, a peu à  peu décliné dans les grandes usines.
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"Gooood Food"
- Cité Berthiez
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A notre goût, une des meilleures expos. Faisant cohabiter science et technique, recherche culinaire et design, elle évoquait la cuisine "note à  note" (un terme inventé par le chimiste Hervé This), où le cuisinier se fait gastronome. En raisonnant son oeuvre de A à  Z (goût, consistance...), il ne subit plus la nature et devient son propre chef. Nommée encore "cuisine moléculaire" ou "non-figurative", elle peut aussi inventer des formes gustatives qui ne ressemblent pas à  des aliments connus.
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Des menus plaisirs concoctés par Gagnaire et This, élaborés chaque jour par les élèves et enseignants du lycée professionnel hôtelier de Saint-Chamond, nous invitaient à  de nouvelles émotions gustatives. Lors de notre venue, au menu figuraient des oeufs à  67°C à  la sauce Wahler, du nom de ce pionnier dans le domaine de la chimie organique, avec des ingrédients modernes, dont des polyphénols de raisin. Egalement proposés, des abstraits originaux : un millefeuille de navet à  l'encre de seiche et un cocktail de concombre au vinaigre de riz et campari !
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Très tendance depuis quelques temps déjà , les perles d'Alginate, à  mi chemin entre cuisine et biochimie, ont fait recette. D'abord, pour leur goût fruité (poire et fruits exotiques) et la sensation qu'elles procurent au palais. Mais aussi en raison de la technique qui les crée et du visuel attractif qu'elles offrent dans l'eau. L'alginate est une poudre blanche extraite d'une algue brune. D'abord mélangée avec un liquide (par exemple un coulis de fruits), elle forme une texture de gelée à  froid. Versée délicatement dans du chlorure de calcium, celle-ci prend alors la forme de petites perles gélatineuses légèrement durcies en surface qui flottent en suspension dans l'eau où elles doivent être rincées.
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" Eden ADN"
- Batiment i
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Et voilà  « Eden ADN », « Exposition garantie avec OGM » dit la plaquette. C'était le royaume du design génétique où trônait, non pas Dolly, mais « Lost Emperor » : un hommage en bronze plaqué or à  la petite Puss de James Hinks, enfantée en 1860 par le croisement d'un bull-terrier et d'une white english terrier. Une mise en perspective troublante, un drôle de no man'land où la frontière entre nature et objet tendait à  s'effacer, où l'animal se faisait objet et l'homme animal. Ce qu'il était déjà  non ? Homme-objet aussi puisque l'homme est un loup pour l'homme. Mais pas John Hopps ! Bref on fut un peu lost et des « choses » étonnantes se visitèrent dans cette antichambre de la démiurgie.
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.Lapins "Orylag" (marque déposée)
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Il y avait par exemple un bidule-chien artificiel made in Sony (Aibo ERS Japan, 2003) qui bouge (enfin on sait qu'il bouge) et un lapin nain vivant (mais un peu artificiel aussi, d'ailleurs il ne bougeait pas mieux) distribué par Jardiland parce que « dès que l'homme aime quelque chose en grand, il lui faut l'admirer en petit ». Il y avait encore des lapins « Orylag », sélectionnés génétiquement (une production INRA) et dont la fourrure est vendue au même prix que celle du vison. La carpe Koï, élevée depuis 200 ans dans la province de Nigata, croisée patiemment entre deux « Chanoyu », fait office de bijou vivant destiné aux bassins des particuliers. La carpe Tancho, quant à  elle, s'est un peu « kamikazée ». Elle porte sur la tête une tache rouge qui reproduit l'Hinomarou, le drapeau national nippon. Sacrés « Japs » ! Quand on pense qu'ils avaient baptisé leurs chasseurs « Zéro »...
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Ophélia semble dormir. Drôle d'impression, faite de fascination et de répulsion, qui se dégage de cette oeuvre que nous devons aux « Idiots » de Hollande. Il s'agit de la moitié du corps d'une lionne naturalisée et de galets de céramique. Elle est gardée par un « black ». Il aurait fallu lui demander ce qu'il en pensait. Pas grand chose peut-être...
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." Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile:
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or."
 Arthur Rimbaud
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.01254, Tony Bouilhet, un film d'Aurèle (1995) ou l'histoire d'un type qui après avoir fait subir un marquage au fer rouge à son cochon, s'inflige deux fois le même sort. "Il y a quelque chose à faire à titre d'acte de résistance."
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 Suspension "Cod Lamp" par Dogg Gundmunsdottir (Islande), 2001, en peau de poisson
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"Avant la transformation"
- Batiment i
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Scénographié par Ruedi Baur, ce travail, coproduit par le grand Lyon, tentait d'analyser non pas un objet ou un milieu en particulier mais notre société toute entière ! Partant du principe qu'avant toute création, il y a la critique de l'existant, de l'analyse de ses manques d'où vient l'appréhension des besoins et des désirs, il interroge notre société et dresse un constat peu reluisant. Celui d'un monde qui se barricade et cherche en même temps à  imposer sa logique marchande à  toute la planète. Chacune des salles de l'expo se réfèrait à un Etat, douze au total : Etat d'influence, Etat de sécurisation, Etat d'exclusion... On passait ainsi de l'analyse du processus de développement du projet de design à  ce que devrait être le débat politique dans une démocratie. Le designer cependant ne cherche pas à  convaincre (comme le ferait plutôt un politique ou la publicité, la figure de proue de la culture de la persuasion) mais plutôt à orienter.
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L'Etat d'exception (Dépliage-Dépliance) ou l'histoire certainement imaginaire d'un pays lointain où un ministre, par ses provocations, provoque de graves émeutes qui font durant des semaines la une des journaux de la planète (photo de Laurent Lukic)
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Etat de contrôle: souriez vous êtes filmés ?
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.Etat d'exclusion
"Pourquoi l'argent, lui, a le droit de circuler, lui, librement ?"
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« Territoire et Design »
- Cité Berthiez
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Un éclairage sur les actions engagées autour du rapport entre territoire et design. ZooM sur les ZPPAUP de Firminy, Rive-de-Gier..., les Conseils de qualité architecturale et les conseillers paysage à  Saint-Etienne Métropole. Présentation des sites en enjeux (Assailly Mavilor à  Lorette, autrefois la plus grande aciérie de France, le secteur de Couzon et ses laminoirs, le Gouffre d'Enfer) et des dynamiques de valorisation entreprises par EPORA ou la DDE. Un mouvement qui voudrait s'enraciner...
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