Tuesday, October 03, 2023
critbuss.jpgBussières et son ancien critérium sont à  l'honneur dans le film Bussières qui rêve du Tour de France d'André Picon et Jean Duperray.
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"Bussières est le critérium le plus pittoresque que je connais", déclarait en 1970 le speaker international Mario Cotti. Et il s'y connaissait le Mario puisqu'il assurait la présentation de 70 épreuves cyclistes par an ! Mais le critérium de Bussières fut d'abord, entre 1960 et 1986, un des grands rendez-vous du cyclisme professionnel. Durant 21 années il fut l'épreuve phare du calendrier cycliste pour toute une région et la deuxième plus importante en France par son audience, son tracé, et son public. Osons le mot : une légende. Et si nous évoquons ici, brièvement, cette légende qui vit concourir les plus grands : Merckx « le cannibale », Ocana, Poulidor, Thévenet, Hinault, Kelly... c'est surtout pour mettre en lumière deux excellents supports documentaires qui sont consacrés au critérium. Le site internet de M. Chaize et le film du cinéaste André Picon : Bussières qui rêve du Tour de France.

M. Chaize est membre de l'association des Amis Cyclos Bussiérois. Son site récent, qui fait la part belle au critérium, rappelle que la course pro n'a pas surgi spontanément du jour au lendemain dans ce petit village de tisseurs entre Feurs et Panissières mais qu'elle fut l'héritière et l'apogée d'une longue tradition cycliste. En 1920 est créé le club de la « Joyeuse pédale » de Bussières, un club de cyclisme de compétition. A la fin des années 20, le club organise et participe déjà  à  des courses où courrent les grands noms locaux : « la souris » Benoit Faure, Pipoz, Defond...  En 1960, le club local se lance dans l'aventure du critérium. Aujourd'hui les Amis Cyclos Bussiérois ne dépendent plus de la F.F.C. mais de la Fédération française de Cyclotourisme. En digne émules de Vélocio, les joyeux pédaleurs de Bussières perpétuent encore la tradition du vélo dans leurs Montagnes du Matin.
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Raymond Poulidor, vainqueur de l'édition 66 est récompensé par la Reine de Bussières.
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Les pages consacrées au "plus beau critérium de France" (M. Mourelon en 1964) sont le fruit d'un long travail de recherche dans les journaux d'époque et les souvenirs personnels. Vous pouvez aller découvrir ou vous replonger avec nostalgie dans les onze première éditions. Leur compte-rendus regorgent de petites phrases, d'anecdotes, de photos, on s'y croirait ! Et l'on se prend, pour les jeunes comme moi, à  rêver d'un passé dépassé d'un sport héroïque et réellement délocalisé, quand les dieux de la pédale venaient se confronter aux amateurs régionaux qui parfois, l'instant d'une course leur tenaient la dragée haute.
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On rêve encore, mais cette fois en couleur avec le film d' André Picon : Bussières qui rêve du Tour de France. Réalisé en 1975 avec la participation du regretté Jean Duperray,
originaire de Bussières, dans le rôle de l'interviewer, ce documentaire au charme désuet est dédié aux Canuts, à  l'industrie du cycle, ses travailleurs, ses sportifs, ses champions. C'est d'abord une carte postale du village où les mini-jupes côtoient les bérets, Bussières et ses métiers à  tisser moribonds, son bar des Canuts agonisant, son tacot définitivement enterré. Finalement il n'y a guère que le sculpteur Denis Foyatier qui reste vivant du haut de son éternité et le critérium, pour à  peine quelques années encore. Et puis arrive le jour de la course, les fanfares s'animent, les rues sont pavoisées, on met les casquettes tricolores estampillées " Tour de France ", les gendarmes en kaki sortent du bistrot quand les cloches de l'église, qu'on croirait sortie d'un western spaghetti, sonnent la grand'messe du sport. On honore la mémoire du poilu tombé à  Verdun ou ailleurs et on suit en cortège les majorettes aux belles cuisses. Les champions ? Cette année, ils ont pour nom Poulidor, enfant chéri du public (allez Poupou !), Ovion, champion de France en titre, Luis Ocana, le perdant magnifique, vainqueur de la grande boucle précédente, Thévenet qui cette année à  Bussières devait finir bon second derrière Zoetemelk.

Une heure plus tard, le film s'achève déjà , sur le podium bussiérois, quelque part dans les Montagnes du Matin, au pays des tisseurs. Fini le critérium, fini...
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