Thursday, September 21, 2023

Comme chacun sait, la Loire est le berceau du rail. Rappelons que c'est en 1827 que fut ouverte la première ligne de chemin de fer, entre Saint-Étienne et Andrézieux. Elle était destinée au départ au transport du charbon, la traction étant assurée par des chevaux. Le transport de voyageurs débuta en 1832. Cette même année était ouverte la seconde ligne de France, entre Saint-Étienne et Lyon. En 1844 la traction par des chevaux fut remplacée sur les deux lignes par l’utilisation de locomotives à vapeur.

La création d'autres lignes, les flux de marchandises et de voyageurs ont rendu nécessaire, à Saint-Etienne, la construction entre 1884 et 1932 de plusieurs gares. On n'évoquera que celles qui subsistent, si on peut dire.

La Terrasse

Les Amis du Rail du Forez, qui ont leur siège dans l'une d'entre elles (la gare de Bellevue) et qui ont publié nombre d'ouvrages sur ce sujet, nous apprennent qu'il y eut d'abord, sur ce qui était alors la commune de Montaud (absorbée par Saint-Etienne en 1855), un simple relais avec écurie pour chevaux, puis une embarcadère pour les voyageurs. Cette gare des Mottetières, comportant hangars, bureaux... puis une remise pour sept locomotives, en 1844, fut ensuite réservée au transport des marchandises, quand la gare de Châteaucreux fut mise en service. Les installations furent démolies en 1879 lors de la construction des abattoirs, remplacés depuis par le siège du Crédit Agricole. Un stèle aujourd'hui en rappelle le souvenir. L'ancienne gare de la Terrasse, un peu plus au nord, fut construite en 1889. 

Châteaucreux

Les habitants de Saint-Etienne sont très fiers de leur petite gare de Châteaucreux, notre gare centrale. Il est vrai aussi qu'ils ont tendance à être fiers d'un peu tout et n'importe quoi, pourvu que ce soit estampillé "stéphanois". Après plusieurs projets d'emplacement (notamment place Marengo, Jean-Jaurès aujourd'hui, rue Saint-Honoré, Balzac aujourd'hui ou des Trois Coins, Grand-Gonnet aujourd'hui), le choix se porta sur Château-Creux (arrêté ministériel du 12 février 1857), non loin de l'ancienne gare de Bérard et au dessus de plusieurs puits de mines.

Un bâtiment provisoire en forme de U fut construit d'où embarquèrent les premiers voyageurs en décembre de cette année. Les plans furent dessinés par l'architecte Lejeune qui choisit de construire la gare en bois en raison de l'instabilité du sol minier. Si la gare engendra dans ses alentours la naissance d'un quartier dynamique, le provisoire dura longtemps, marqué par un incendie et des affaissements de terrain. Ce n'est qu'en 1882 que débuta la construction de la nouvelle gare sur des plans de l’architecte Joseph-Antoine Bouvard, avec une structure métallique, l’emploi des briques polychromes en façades, et l'emploi de vérins hydrauliques pour répondre à l’instabilité du terrain de ses fondations. « Ce système de vérins était à l'époque révolutionnaire, note l'ARF. Ce principe sera repris cinq ans plus tard avec une mise en œuvre différente par Gustave Eiffel pour sa célèbre tour. » Ouverte au public en octobre 1884, elle accueillait en 1911 quelque 880 000 voyageurs et connut plusieurs affaissements, dont un de 27 cm après le bombardement américain de mai 1944, et donc plusieurs relevages.

En 1957 la SNCF démolit la grande halle et badigeonna la façade d'une infecte peinture blanche. Ce n'est que dans les années 80, avec l'arrivée du TGV, qu'elle retrouva un peu de son lustre d'antan. Les travaux de réhabilitation coûteront plus de 25 millions de francs et mobiliseront plus d'une vingtaine d'entreprises. Les murs retrouvèrent leurs teintes polychromes mais le fronton a perdu à jamais sa belle horloge, et la corniche du toit ses moulures et autres décorations.

L'achèvement de la grande esplanade de France et l'arrivée d'une seconde ligne de tram, ainsi que l'inauguration d'architectures très contemporaines (parking Eiffia et nouveau siège social du groupe Casino) ont participé à mettre en relief le charme un peu désuet de cet élément fort du patrimoine stéphanois. Plusieurs rénovations, entre 1985 et 2010, lui ont donné un peu plus de cachet, à son intérieur en particulier.

Bellevue

Cette gare marque l’entrée dans la ville pour les trains en provenance de la vallée de l’Ondaine, et, au-delà, du Puy en Velay. Elle est construite en 1857 puis reconstruite entre 1932 et 1934 sur le modèle de celle des Brotteaux à Lyon. Il y avait un passage souterrain pour arriver aux quais. Elle a été rénovée en 2006. L’accès se fait du côté de la Grand’rue ou de la passerelle de la place Bellevue.

Le Clapier

En bordure du site minier des puits Couriot et Châtelus (l'actuel parc-musée de la mine), une première gare en bois fut construite en 1857, remplacée en 1926 par une gare en béton équipée d'un système de vérins semblable à celui utilisé à Châteaucreux. Elle ferma en 1989 et laissée à l’abandon jusqu’en 2006. Les quais furent réaménagés et l'ancien bâtiment des voyageurs transformé en restaurant (La Mangoune). Il accueille aujourd'hui un autre restaurant/salle de concert.

Carnot

C’est une gare aérienne construite sur un viaduc en 1980 (Architecte M. Beynet) pour désengorger le trafic de Châteaucreux. Elle a été rénovée en 2005. Les façades sont recouvertes d’un encadrement métallique orange qui rappelle la couleur des premiers TGV. L’accès aux quais se fait par des escaliers et des ascenseurs.

Sources : ARF, Archives municipales de Saint-Etienne, art-et-histoire.com, Forez Info, SNCF, Wikipédia.

Photos : Pierre Faurand

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