

Jacques Chapelon, auteur de plusieurs pièces en patois au XVIe siècle, son fils Antoine également auteur, Pierre Chapelon, qui signa un ouvrage intitulé Saint-Etienne pittoresque, illustré par ses soins de plusieurs centaines de dessins au fusain. Mais c'est Jean Chapelon qui nous intéresse ici. Fils d'Antoine, il naquit en 1648 et fut ordonné prêtre en 1670. Il fut l'un des plus célèbres auteurs de son temps et sa mort prématurée en 1695 causa un grand émoi parmi le peuple stéphanois.On lui doit notamment plus d'une quarantaine de Noëls, dont dix en patois.
Nous vous proposons sur cette page deux textes de l'Abbé Chapelon. D'abord un extrait avec sa traduction, puis un texte intégral, sans traduction. Puisque Noël est la célébration d'un Mystère, cherchons la clé de ce poème !*
En guise d'illustration, des photos des sculptures et crèches du monde exposées à l'Eglise Sainte-Marie, à Saint-Etienne, pour les fêtes de fin d'année en 2007 et à l'initiative des Amis de Sainte-Marie. Les légendes de ces images et les noms des artistes figurent en fin d'article.

" Lou tialaire sant tou
Qu'o ressembla un porou-hontou,
Y vous porton de tiala
De genti lin,
Vous n'y a pas din la viala
Que set plus fin.
Les tisserands savent tous
Que vous ressemblez à un pauvre honteux
Ils vont vous porter du tissu
De gentil lin
Il n'y en a pas dans la ville qui soit plus fin
Le lingeyre vindrant
Que ma fin vou rigoutarant;
Y vou vant betta lestou
Couma un vassio;
Lou paquet sont tous prêtou
Et mai lou mio.
Les lingères viendront
Qui ma foi vous réchaufferont
Elles vont vous mettre gai
Comme un amoureux
Les paquets sont tous prêts
Et aussi les miens
Tous lous autrou meytier
S'assemblont din chaque quartier,
Jusqu'à le revendeyre
Qu'en résolut
De pourta le paneyre
De lour perut.
Tous les autres métiers
S'assembleront dans chaque quartier
Jusqu'à le revendeur
Qui a résolu
D'apporter un panier
De ses poires.

Tous noutrou manelier
Vant passa la not au clouchier,
Dio sat couma le cloche
Vant essourlie,
Nemond bat le taloche
Par s'essayer.
Tous nos sonneurs de cloches
Vont passer la nuit au clocher
Dieu sait comme les cloches
Vont rendre sourds
Ennemond frappe la taloche
Pour s'essayer
Effant tant dézirat,
Peu quo zavez deliberat
De venir sur la terra ?
Souva le gen,
Preserva-nou de guerra
Et de surgen.
Enfant tant désiré
Puisque vous avez délibéré
De venir sur la terre
Sauvez les gens
Préservez-nous de la guerre
Et de ses gens. "
_
" Leva-te, Grabiay,
Et pren ton flageoulet,
Quoéyvetta ton chapay,
Et changi de coulet,
Je t'apprendréy una genta nouvella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
A not de vez lou séy
J'ayt-ouï ne say quet
Que féyzi grand varéy
Au tour de vez chie met,
Vouéy-t-au sujet d'una joüaina pucella,
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.

Tout pucella qu'éy l'éy,
Il a fat un effant,
Que nous être prouméy
Dempeu quatre mille-an,
Par assoupis una matrua querella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
Y n'ant par compagni
Qu'un anou et un bo,
Josept bien esbäy
Lou quitte pas do zio:
Toute la not au l'a fat santinella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.

Lou bargi d'alontour
Surpréys d'iquai nouvay
Davant qu'o s'esse jour
Ant quitta lou tropsay
Par ly chanta una chanson nouvella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
L'ai faud véyre mouda
Una troupa de gen:
Chacun va ly porta
Quauque petit présent,
Quand vou sari qu'ina matrua farbella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
L'un l'y porte de pou,
L'autre de fricaudiau,
Béney qu'éy tout hontou
L'y porte de tourtiau,
Tienne de noüéy, Quiorou de parrondella;
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella."
MESSIRE JEAN CHAPELON
NOUAI sur un air vio
Tiry de la Grand'Bibla de Nouais

Qu'o ressembla un porou-hontou,
Y vous porton de tiala
De genti lin,
Vous n'y a pas din la viala
Que set plus fin.
Les tisserands savent tous
Que vous ressemblez à un pauvre honteux
Ils vont vous porter du tissu
De gentil lin
Il n'y en a pas dans la ville qui soit plus fin
Le lingeyre vindrant
Que ma fin vou rigoutarant;
Y vou vant betta lestou
Couma un vassio;
Lou paquet sont tous prêtou
Et mai lou mio.
Les lingères viendront
Qui ma foi vous réchaufferont
Elles vont vous mettre gai
Comme un amoureux
Les paquets sont tous prêts
Et aussi les miens
Tous lous autrou meytier
S'assemblont din chaque quartier,
Jusqu'à le revendeyre
Qu'en résolut
De pourta le paneyre
De lour perut.
Tous les autres métiers
S'assembleront dans chaque quartier
Jusqu'à le revendeur
Qui a résolu
D'apporter un panier
De ses poires.

Tous noutrou manelier
Vant passa la not au clouchier,
Dio sat couma le cloche
Vant essourlie,
Nemond bat le taloche
Par s'essayer.
Tous nos sonneurs de cloches
Vont passer la nuit au clocher
Dieu sait comme les cloches
Vont rendre sourds
Ennemond frappe la taloche
Pour s'essayer
Effant tant dézirat,
Peu quo zavez deliberat
De venir sur la terra ?
Souva le gen,
Preserva-nou de guerra
Et de surgen.
Enfant tant désiré
Puisque vous avez délibéré
De venir sur la terre
Sauvez les gens
Préservez-nous de la guerre
Et de ses gens. "
_
" Leva-te, Grabiay,
Et pren ton flageoulet,
Quoéyvetta ton chapay,
Et changi de coulet,
Je t'apprendréy una genta nouvella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
A not de vez lou séy
J'ayt-ouï ne say quet
Que féyzi grand varéy
Au tour de vez chie met,
Vouéy-t-au sujet d'una joüaina pucella,
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.

Tout pucella qu'éy l'éy,
Il a fat un effant,
Que nous être prouméy
Dempeu quatre mille-an,
Par assoupis una matrua querella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
Y n'ant par compagni
Qu'un anou et un bo,
Josept bien esbäy
Lou quitte pas do zio:
Toute la not au l'a fat santinella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.

Lou bargi d'alontour
Surpréys d'iquai nouvay
Davant qu'o s'esse jour
Ant quitta lou tropsay
Par ly chanta una chanson nouvella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
L'ai faud véyre mouda
Una troupa de gen:
Chacun va ly porta
Quauque petit présent,
Quand vou sari qu'ina matrua farbella:
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella.
L'un l'y porte de pou,
L'autre de fricaudiau,
Béney qu'éy tout hontou
L'y porte de tourtiau,
Tienne de noüéy, Quiorou de parrondella;
Vou n'y a ren de si bay,
Grabiay,
Vou n'y a gins de si bella."
MESSIRE JEAN CHAPELON
NOUAI sur un air vio
Tiry de la Grand'Bibla de Nouais

Notes:
* "Un poème est un mystère dont il faut découvrir la clé."
Mallarmé
Les membres du relais Sainte-Marie poursuivent leur démarche de mise en valeur des ressources architecturales, artistiques et humaines autour du monument. Or, Sainte-Marie possède une grande crèche ancienne avec des personnages à tête, mains, pieds de cire et corps en crin, tels qu’ils étaient réalisés au XVIIIème siècle (photo 2). Le père Gallo l'a remise en état.
Outre cette crèche, présentée sans mise en scène spécifique, mais valorisée grâce à un éclairage focalisé sur les visages, deux autres crèches ont été spécialement conçues depuis plusieurs mois pour cette exposition : une crèche togolaise et une crèche mexicaine, réalisées dans leurs pays d’origine.
Nous devons les personnages de la crèche africaine, évoluant dans un village traditionnel tamberma, à Christophe Aglamey, un artiste de Lomé qui les a sculptés dans du bois de teck (photos 5 et 7).
La crèche mexicaine (photo 6) a été envoyée à Saint-Etienne par l'entremise des soeurs de Saint-Joseph. Vingt-neuf personnages ont été confectionnés avec des feuilles de maïs. "Notre motivation, comme soeurs, pour vous aider à vous procurer la crèche, ont écrit les soeurs mexicaines, est que Saint-Etienne a été le berceau de notre Congrégation après la Révolution française. Le 14 août 1807 au 4ème étage de la Maison Pascal, rue de la Bourse (de la Résistance aujourd'hui, ndlr) la mère San Juan Fontbonne appelée de la Maison paternelle par le cardinal Fesch, recommence avec douze jeunes la Congrégation qui, née en 1650, avait disparu. La population de Saint-Etienne a collaboré avec nos soeurs d'une manière désintéressée, elle les a soutenus avec un coeur généreux..."
L'Annonciation à Joseph (photo 4) est également l'oeuvre de Christophe Aglamey. Celle à Marie (panneau en haut-relief, photo 3) a été réalisée par Bu. Léonard (Zaïre)