Quelques notes
Vie politique
En 1809, l'année de Wagram, une des plus grandes batailles de l'Histoire (300 000 combattants) , Napoléon comptait un Ligérien parmi ses ministres: Jean-Baptiste Nompère de Champagny, duc de Cadore depuis 1808, officier de marine "et assez bon marin quoique ni fumeur, ni joueur, ni jureur" (voir notes). Il était né à Roanne le 4 août 1756. Il occupait alors les fonctions de ministre des affaires étrangères, après avoir été ministre de l'Intérieur de 1804 à 1807 et ambassadeur à Vienne. Au poste des Relations extérieures, il succéda à Talleyrand, jusqu'en 1811. Aux Etats Généraux, il avait été député de la noblesse de Forez. A noter que 50 ans plus tard, Napoléon III eut pour ambassadeur à Londres, un autre Forézien, le comte de Persigny, futur duc (1862). Les députés de la Loire, nommés par le Sénat, étaient au nombre de trois: Gémier-Despérichons, Michelet et Chovet-Lachance, nommés l'année précédente. Les deux premiers étaient conseillers de préfecture, l'un à Montbrison, l'autre domicilié à Saint-Denis-de-Cabanne. Chovet-Lachance était propriétaire à Saint-Etienne. Une rue, la rue de la Chance, rappelle le souvenir de cette famille dans le quartier Saint-François. En 1810, Napoléon le fera baron. Quatre ans plus tard, il recevra le comte d'Artois, futur Charles X, dans le château de Chantegrillet.
Champagny
Le préfet de la Loire était M. Du Colombier. Il succéda en 1807 à Imbert. Le sous-préfet, à Saint-Etienne, était Antoine Sauzéa, un Stéphanois, beau-frère du préfet. Antoine Sauzéa refusa de l'avancement en 1810 et mourut quatre ans plus tard au Montcel (La Ricamarie). Son fils était conseiller de préfecture quand près de 50 ans plus tard elle s'installa à Saint-Etienne (1856).
Les conseillers généraux n'étaient pas élus par cantons mais nommés par l'Empereur sur présentation de deux noms pour chaque siège, désignés par le collège de département. La Loire comptait alors 28 cantons et seulement 20 conseillers. Quant au collège, on retrouve parmi ses membres quelques noms connus dont Chovet-Lachance à Outre-Furan, Sébastien Mulsant à Mably, Testenoire-Lafayette à Saint-Etienne, Antoine Neyrand à Saint-Chamond, etc, tous choisis parmi les plus imposés du département.
Jourjon-Robert, marchand de rubans, était le maire d'environ 18 700 Stéphanois (317 000 habitants environ dans la Loire). Successeur de Gabriel Fyard, il fut remplacé fin 1809 par André-Antoine Neyron. Les communes de Montaud, Outre-Furan et Valbenoîte n'avaient pas encore été annexées. Elles avaient pour maire, respectivement, Thiollière, Chovet-Lachance (encore lui) et Réocreux. Roanne avait pour maire le célèbre Populle, qui se distinguera contre les Autrichiens quelques années plus tard. Pour ce fait d'arme, la cité recevra de Napoléon III l'autorisation de faire figurer la Légion d'honneur sur son blason (1859).
Les conseils municipaux étaient nommés par les préfets, choisis dans les villes de plus de 5000 âmes, sur une liste de deux noms par conseiller, établie par les assemblées de canton. Maires et adjoints étaient tous à la nomination de l'Empereur.
Presse
Trois publications étaient autorisées: le Journal de Montbrison, feuille d'annonces imprimée par Tézenas, le Journal de Roanne, imprimé par Ayné (tous les deux depuis 1807) et le Journal de l'arrondissement de Saint-Etienne (depuis 1808) imprimé par Boyer et rédigé par un avocat, Berger. Interdiction formelle de ne rien publier concernant l'administration ou la police, sans autorisation ou sans que cela ait paru dans le Moniteur. Le journal de Saint-Etienne, ayant évoqué deux assassinats commis dans l'arrondissement fut suspendu un mois et menacé de suppression à la moindre incartade. Tout ce qui pouvait tendre à inquiéter ou agiter les esprits était banni.
Arts et spectacles
Saint-Etienne était alors privé de théâtre. Deux ans plus tôt, le maire avait résilié le bail de la salle des Minimes (église saint-Louis) passé dix ans plus tôt à l'entrepreneur de spectacles Kloquemann. A la fin de l'année, le sieur Réocreux fit alors construire, au moyen d'une souscription, une salle non loin de la place de la Liberté (aujourd'hui du Peuple**) en face de la maison Croizier. Achevée en mars 1810 (3), la rue sur laquelle elle donnait fut appelée rue de la Comédie. Son premier directeur fut le Lyonnais Constant.
C'est en 1809 que Fleury Montagny (né à Saint-Etienne en 1760) décora une paire de pistolets qu'il eut l'honneur d'offrir lui-même à Napoléon Ier. Travaillant à la Manufacture de Versailles, il faisait partie de « l'équipe Dupré », une élite ouvrière qui regroupait les exilés stéphanois : Dumarest, Galle, Jaley... Dans cette Manufacture étaient fabriquées les armes (épées, pistolets...) offertes comme cadeaux diplomatiques ou récompenses militaires. Fleury Montagny fut plus tard nommé directeur des Monnaies de Marseille où il s'éteignit en 1836.
A noter au passage que Napoléon ne vint jamais à Saint-Etienne, au contraire de Roanne.
Fusil offert à l'Empereur par des armuriers stéphanois (Musée d'Art et d'Industrie de Saint-Etienne)
Promotion
Jean-Marie-Vital Ramey de Sugny, natif de Saint-Just-en-Chevalet (1733) général de division et inspecteur général de la marine fut élevé à la dignité de comte de l'Empire.
Travaux d'édilité à Saint-Etienne
Plusieurs maisons furent démolies près de la Charité, rue Valbenoîte, pour l'ouverture de la nouvelle rue Saint-Roch. Une fontaine vit le jour dans la rue Saint-André (rue de la Convention). On l'appela la fontaine de la belle Gabrielle, en hommage au physique avenant d'une dame du quartier. Le lit du Furan, redressé en 1794, fut dévié complètement entre 1807 et 1809 pour former la place de l'Hôtel de Ville, terminée en 1809.
Les armes de l'Empire
En 1809, l'Etat passa commande à l'entrepreneur de la Manufacture, Jovin et fils, de 54 000 fusils (modèle an IX), 4000 fusils de dragons, 300 mousquetons, 12 000 paires de pistolets.
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Notes:
Jean-Baptiste Nompère de Champagny, Mémoires, Paris 1846
**Ancien Pré de la Foire, elle fut appelée "place de la Liberté" à compter de 1793. Elle prendra le nom de place Royale en 1816 pour devenir "place du Peuple" en 1848, au plus tard en 1870.
3) D'après L-J Gras dans L'année forézienne 1910 (1911). Mais Paul Ronin, dans Le Théâtre à Saint-Etienne (1961) écrit février 1811. Tous les deux se réfèrent à Barthélémy Braud et son Théâtre de Saint-Etienne de 1764 à 1853. D'après Ronin, le théâtre fut à nouveau fermé vers 1814, pour rouvrir en 1817.