Labellisé "Musée de France" en 2002, officiellement Musée d'archéologie deux ans plus tard, il expose ses collections, depuis 1979, dans le château d'Assier. Pour nombre de Foréziens, par Toutatis ! le Musée d'archéologie de Feurs est encore le "Musée d'Assier".
Avant de déménager dans le bâtiment édifié au XVIIIe siècle par les Plasson de la Combe, propriété de la famille d'Assier jusque dans les années 1970, le musée partageait le bâtiment de l'ancien couvent des Minimes, détruit dans un incendie, reconstruit et devenu propriété municipale en 1926.
La première salle que l'on visite, au rez-de-chaussée, porte le nom de Georges Guichard. Le frère de Geoffroy Guichard est décrit dans une revue des années 30 comme un "esprit cultivé et d'une grande curiosité, qui s'intéressait depuis longtemps aux questions d'archéologie et d'histoire locale". Il devint sous la municipalité Drevet le premier président de l'Association des Amis du Musée de Feurs. Le sénateur-maire en était le président d'honneur. Parmi les premiers conservateurs du musée, citons MM. Maurice et Philips, respectivement inspecteur des écoles primaires et directeur des écoles communales. A noter que les frères Guichard offrirent au musée naissant les 9000 francs que leur avait rapporté la vente de leur livre sur l'histoire de Feurs.
Une des salles du musée dans les années 30
Au milieu de la salle sont exposées six grandes amphores, à huile, à vin, d'Andalousie ou de Gaule autour desquelles des vitrines présentent de nombreuses statuettes et objets de la vie quotidienne, de l'Antiquité en particulier. Des maquettes d'habitats du néolithique, réalisées en argile, bois et torchis par les écoliers de Mornand sont également présentées, ainsi que celle d'une maison gauloise. La première vitrine montre des statuettes égyptiennes, une représentation d'Osiris notamment et un petit flacon pharmaceutique. On voyage ensuite en Grèce (statuettes funéraires, vases loutrophore et aryballe) et dans la péninsule italienne. Ce cratère apulien, par exemple, du VIe siècle avant Jésus-Christ, provient de la collection Beauverie. La 4e vitrine est dédiée aux Gaulois. La suivante présente des ustensiles de cuisine en alliage cuivreux, cruche, situle (un petit bol) et autre patère. Une figurine, du Ier ou IIe siècle, attire le regard dans la 6e vitrine. Elle a été découverte rue de Verdun à Feurs. Il manque l'objet que cette petite déesse, en position assise, devait à l'origine tenir dans sa main. Une corne d'abondance peut-être. Il s'agirait donc de Fortuna.
Les autres vitrines gardent des objets en faïence de Nevers, entre autres des assiettes du XVIIIe sur lesquelles sont représentés les profils de Louis XVI et Marie-Antoinette. Sur un plat à barbe, un coq gaulois révolutionnaire - Gallus signifie à la fois "coq" et "gaulois" - monté sur un canon joue à l'oie du capitole et proclame: "Je veille pour la nation".
L'autre salle est entièrement consacrée au monde celtique, à l'aune du pays ségusiave (Rhône et Loire approximativement) dont Feurs était la capitale, nommée Forum Ségusiavorum, "marché des Ségusiaves", à l'ère romaine. On doit à Jules César la plus ancienne mention de cette peuplade. Il précisait qu'ils étaient clients des Eduens et qu'ils se sont battus avec eux, contre Rome, sous la conduite de l'Arverne Vercingétorix. Dans la Loire, apprenons-nous, " trois sites peuvent être considérés sans ambiguïté comme étant des oppida". D'une surface de 20 à 70 hectares, il s'agit d'Essalois à Chambles, le Crêt Chatelard, à Saint-Marcel de Félines, et Joeuvres à Saint-Jean-Saint-Maurice.
De nombreux objets illustrent la vie quotidienne, économique, agricole: couteaux en fer, louche découverte à Cleppé, etc. Et de nombreuses fibules et fragments de bracelets, comme pour illustrer ce qu'écrivait Strabon de ces Gaulois qui "ont la passion de la parure car ils se couvrent de bijoux d'or, portent des colliers d'or autour du cou, des anneaux d'or autour des bras et des poignets" et dont les chefs "s'habillent d'étoffes teintes de couleurs éclatantes et brodées d'or". On remarque aussi un curieux objet en forme de tête de bélier. Il s'agit d'un fragment de chenet, servant à maintenir les bûches dans une cheminée, découvert route de Saint-Etienne en 1934.
Dans une autre salle sont exposés de nombreux ustensiles de cuisine ou fragments en céramique; sigillée notamment, qui se caractérise par son vernis rouge et la mention, souvent, de l'estampille du fabriquant (sigillum). La céramique peinte est aussi représentée avec des bols dit "de Roanne". Cette salle présente également un plan de Feurs à l'époque romaine, dressé en 1852 par un pionnier de l'archéologie, l'abbé Roux, et de nombreuses pièces de monnaie: Follis de Commode, Sesterce de Marc-Aurèle, As de Faustine II, Denier de Tibère... S'y trouve encore un des plus anciens témoignages de l'occupation gauloise du site. C'est un morceau de vase découvert en 1980, daté de la période de la Tène moyenne (fin IIIe, début IIe siècle avant J.-C.).
Enfin, dans la dernière pièce qui rend hommage à Marguerite Gonon, grande figure de l'histoire locale, se trouve une très belle maquette du forum. Cet ensemble monumental de 173 mètres sur 76 dont il reste quelques vestiges place de la Boaterie était situé au coeur de la cité antique. Celle-ci comptait environ 6000 habitants. Elle devait décliner sous le Bas Empire, être déchue de son titre et absorbée dans la Civitas Lugdunensium (Lyon).
Trois zones composaient le forum dont la mise en chantier est daté du 1er quart du Ier siècle :
- à l'ouest, l'aire sacrée avec le temple entouré de portiques et cryptoportiques
- l'aire centrale rectangulaire bordée de tabernae (boutiques) ouvertes sur des portiques
- l'aire administrative avec sa basilique - c'est à dire un bâtiment où se réglaient les affaires commerciales et juridiques - et la curie, siège des magistrats.
Par contre, le théâtre, connu par la dédicace de Tibère Claudius Capito, qui l'a fait édifier en pierres, à ses frais, n'a pas encore été découvert.
Cette salle présente aussi des statuettes de divinités, Hercule notamment dont le sous-sol de Feurs a livré plusieurs représentations et Sucellus (Sucellos). Ce dernier est un dieu gaulois, le "dieu au maillet" représenté aussi dans l'église de Rozier-Côte-d'Aurec. La figurine du musée nous le montre revêtu d'une peau d'animal, d'inspiration romaine, peut-être une peau de loup - des loups sont représentés sur les chapiteaux de l'église de Rozier. Il lui manque un bras, celui qui devait brandir le maillet mais tend de l'autre main un vase. On trouve l'écho d'un autre dieu gaulois, Sylvain, dans le parc du musée où se trouve une pierre découverte dans l'église de Feurs et qui porte gravée une dédicace des charpentiers de la cité.
Lors de notre visite, le second étage du musée accueillait une exposition temporaire consacrée à l'oeuvre colorée de l'affichiste Achille Mauzan. Le 3e étage abrite la collection des Beaux-Arts. Elle a commencé avec l'oeuvre de Charles Beauverie, peintre bien connu en Forez, décédé à Poncins en 1923, et s'est enrichie au fil du temps d'estampes, eaux fortes,... Six tableaux de Beauverie y sont montrés dont une grande et belle toile: "Saltimbanques à la foire de la Boutheresse".
Contact: 04 77 26 24 48
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