« Si notre ville n’a pas la prétention de rivaliser avec les grandes cités historiques de l’hexagone, elle n’en possède pas moins un patrimoine architectural tout à fait intéressant. »
Ainsi Philippe Kizirian, à l'époque maire de Saint-Chamond, introduisait-il un dossier consacré au patrimoine bâti de la ville, publié dans le magazine municipal. Richard Goulois, architecte du Patrimoine, s'était fait le guide de quelque touriste qui serait venu se perdre dans le Gier. C'est avec son aimable autorisation, et celle de la municipalité, que nous avions reproduit en partie son article. Nous étions allés voir sur place et photographier autant que possible les immeubles dont il était question. Pas tous malheureusement. A lever la tête et arrondir les yeux, on avait vite eu la lourde. Et encore ! Comme il était précisé dans le dossier de Saint-Chamond Actu, il n' est question que de maisons dites « patronales » et d'anciens hôtels particuliers ! Les bâtiments industriels, publics ou religieux, ou encore les ouvrages d’infrastructures, mériteraient, à eux seuls, un approfondissement. Les trois dernières vignettes appartiennent à la ville de Saint-chamond.
On croyait cette page perdue. FI est heureux de la proposer à nouveau à la lecture (NdFI).
__
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Saint-Chamond est une rare commune de Loire Sud, à posséder un style architectural marqué. En effet, sous l’influence des architectes Jean-Michel Dalgabio et Étienne Catherin Grangier (XIXe siècle), la Ville s’est dotée d’une sorte d’identité architecturale, avec son style néo classique. Certes, la réorganisation des voies de communication au XIXe siècle qui a entraîné le rabotage de nombreuses façades, et les démolitions importantes des années 1960, ont fait disparaître un pan entier du patrimoine architectural de la Ville. Néanmoins, Saint-Chamond offre l’une des plus grandes concentrations de maisons de maîtres ou d’hôtels particuliers de la région stéphanoise. Les maisons de maîtres ou patronales souvent imposantes, sont situées à l’écart du centre ville. Elles s’accompagnent très souvent, d’un parc paysager ornées parfois de pièces d’eau. Quant aux hôtels particuliers, ils sont érigés en centre ville, principalement le long de la route royale qui deviendra plus tard la rue de la République.
Le style néo classique, issu de la seconde moitié du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, utilise les éléments gréco romains (colonnes, frontons, portiques...) Il se traduit par un retour à la simplicité dans les formes et décorations, après les périodes architecturales plus ornementées, des styles baroque et rococo.
Avenue de la Libération
L’un des deux immeubles typiques de l’avenue de la Libération (avec celui de l’Agora) construits à la fin du XIXe siècle. La composition de celui-ci et notamment de son angle est particulièrement bien traitée. Chaque niveau reçoit un balcon isolé avec un garde corps plein. Les angles de construction sont traités en pilastre (sorte de colonne incrustée dans le mur). L’angle forme une tour ronde surmontée d’un dôme avec lucarne à fronton. Le rez-de-chaussée est traité en bossage*, pratique très répandue à Saint-Chamond.
* saillie en pierre servant d’ornement architectural
Rue Victor Hugo
Cette élégante maison de ville du début du XXe siècle, appartient à un ensemble de quatre maisons mitoyennes édifiées au tournant du siècle. Elle s’inspire des villas italiennes du début du XIXe siècle, avec son style éclectique (mêlant des éléments empruntés à différentes styles architecturaux).
Si la structure de la construction de cette maison de ville reste fidèle aux modèles locaux, des influences « art nouveau » dans le traitement de la lucarne sur pignon avec ses formes arrondies, rendent cette maison unique sur Saint-Chamond.
Rue Benoit-Oriol
Les éléments notables de ce vaste immeuble concernent la tour d’escalier en vis et les coursives. La tour est sans doute le reste d’une construction ancienne probablement du XVIe siècle. Elle dessert des coursives dont les élégants balcons sont réalisés en planches découpées. Bien qu’il s’agisse d’un travail de la fin du XIXe, cette réalisation s’apparente à des modes constructifs plus anciens.
Rue de la République
Hôtel Dugas de Chassagny
Cet hôtel particulier construit vers 1750 appartenait à la famille Dugas de Chassagny. Bâtiment typique du style de l’architecte Antoine Dalgabio, situé à l’origine entre cour et jardin (avec pièce d’eau), il comprend un corps central surmonté d’un fronton et six travées latérales. L’entrée s’effectue par un perron à deux volées. Après avoir abrité le Foyer de la Jeune-Fille, l’immeuble est aujourd’hui occupé par le Centre Communal d’Action Sociale.
Hôtel Finaz
La façade de l’hôtel Finaz forme un ensemble à cinq travées, la travée centrale servant d’axe de symétrie. Fait rare à Saint-Chamond, la fenêtre d’axe du premier étage est une serlienne, motif emblématique de l’architecture néo classique, très répandu à Venise.
Hôtel Neyrand
C’est sans doute l’un des immeubles les plus caractéristiques et remarquables de Saint-Chamond. Ancien hôtel particulier appartenant alors à la famille Neyrand, cet immeuble qui existait avant 1832, possède des décors de façade qui le font appartenir à l’architecture savante. Le très fort larmier (moulure de la corniche) surplombe les baies du 2ème étage en plein cintre. Les bandeaux qui marquent les étages soulignent le caractère néo classique, proche des modèles italiens.
Hôtel Sirvanton
Construit en 1848 pour Jean-Baptiste Sirvanton, négociant, cet immeuble est également sans doute l’un des plus étonnants de Saint-Chamond. Sa composition est particulièrement élaborée, avec une entrée cochère sur pilastres engagés (un pilastre est un support carré terminé par une base et par un chapiteau), les fenêtres du premier étage sont en plein cintre.
Hôtel Guérin
Si la façade est une reconstruction réalisée après 1820, l’hôtel Guérin date de la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’avant corps central avec deux pilastres toscans au rez-de-chaussée et une baie en plein cintre au premier étage « valent le détour ».
Hôtel Flachat
L’immeuble construit au XVIIIe siècle, appartenait à la famille Flachat, bien connue à Saint-Chamond. Sur un rez-de-chaussée marqué par des baies en plein cintre, l’élévation sur trois niveaux est d’une grande sobriété. Il faut dire que l’immeuble a été « raboté » au début du XIXe siècle, lors de l’alignement de la route royale 88 (actuelle rue de la République). Le traitement du rez-de-chaussée en bossage caractérise la tendance italianisante de l’architecture néo classique de l’époque.
Hôtel Richard-Chambovet
Cet immeuble de la première moitié du XIXe siècle a été édifié pour Charles-François Richard-Chambovet, introducteur des métiers à lacets. Ordonné en U autour d’une cour aujourd’hui couverte, l’immeuble se distingue par un traitement savant des garde-corps des balcons, avec des motifs de lyre, les initiales de la famille et la date de 1827. À l’origine, l’ensemble comprenait un jardin situé de l’autre côté de la rue de la République, à l’emplacement de l’actuelle place Grevenbroich.
Rue de la Brosse
L’architecture austère de cet immeuble datant de 1770 demeure caractéristique du XVIIIe siècle à Saint-Chamond. Sur la façade on peut observer un cordon saillant marquant le niveau de plancher entre rez-de-chaussée et 1er étage. La porte d’entrée se positionne dans l’axe de symétrie.
Rue du Président Wilson
Architecture très éclectique pour cet ensemble de 1876. Edifiée par le fabricant de pointes d’alors Victor Ferraton, cette construction rassemblait le tryptique typique de l’époque : maison patronale, jardin et locaux industriels.
Place de la Liberté
Manufacture Oriol et Alamagny
C’est le seul immeuble de type haussmannien à Saint-Chamond. Construit à la fin du XIXe siècle, ce bâtiment est également le seul vestige du vaste ensemble que représentait la manufacture Oriol et Alamagny, érigé sur l’actuelle place de la Liberté. Remarquable par la qualité de sa construction, il comprend 4 étages sur rez-de-chaussée, avec un comble brisé et un balcon s’étendant sur tout le linéaire de façades
Hôtel Alamagny
Construit en 1869 pour Emile Alamagny, cet hôtel particulier a été racheté en 1925 par les Aciéries de la marine pour être transformé en hôtel des ingénieurs. Sa façade sur la place de la Liberté se présente comme une entrée d’hôtel particulier parisien, de style néo-Louis XIII. Le traitement de la façade est dit en château de carte (pierre blanche, brique, ardoise).
Place de la Halle
Edifice du XVIe siècle qui est l’un des plus anciens bâtiments existant à Saint-Chamond. Les niveaux supérieurs sont séparés par un cordon mouluré alors que les fenêtres anciennes à meneaux ont perdu leurs croisillons d’origine.
Mais encore:
Quai de la Rive
L’originalité de cet immeuble réside dans la toiture en comble brisé, type de toiture rarissime à Saint-Chamond au XIXe siècle. La composition d’ensemble du bâtiment est également très particulière. A noter sur le quai, un avant corps central en très légère saillie, complété par des balcons supportés par des consoles sculptées.
Villa Gillet
Édifiée par François Gillet en 1875, cette maison d’habitation jouxtait l’ancien lieu de production de la teinturerie Gillet, au Creux. Composée d’une partie centrale sous sheds (toiture en dents de scie avec un versant vitré), de tours rectangulaires et de hautes toitures, cette villa forme l’un des ensembles majeurs de la Ville.
Le Châtelard
Sémaphore à l’entrée de la ville, cette maison se caractérise par la présence d’une tour crénelée et d’un cartouche portant la date de 1893, période où les maisons à « tour » étaient à la mode. A noter la polychromie des tours de fenêtres.