En 1856 dans La France par cantons et par communes (département de la Loire. Tome 1), Théodore Ogier écrivait : « Dans la partie montagneuse du canton de Saint-Jean-Soleymieux et sur les limites de celui de Saint-Bonnet-le-Château, sur un pic élevé et abrupte dominant la vallée de l'Andrable, petite rivière qui court à la Loire au travers d'une froide contrée semée de forêt de pins, de prairies et de marécages, est placé comme un nid d'aigle le petit bourg de Montarcher. »
Cette petite commune aux confins du Velay, du Forez et du Livradois, la plus haute de la Loire (1162 mètres), semble tenir son nom du latin qui, traduit en français, signifie « mont des archers ». Dans l'antiquité, le village était situé à la limite de trois grandes tribus gauloises: les Ségusiaves (entre Loire et Rhône, capitale Feurs), les Vellaves, qui ont donné son nom au Velay, et les Arvernes (celtes d'Auvergne). L'origine de son nom évoque ici un poste de surveillance tout près de la voie Bolène, reliant Lyon à Toulouse via Feurs, appelée plus tard, à l'ère médiévale, « Grand chemin du Forez ». Le panorama y est magnifique.
De Montarcher comme place forte du Moyen Age, il subsiste quelques restes des remparts le long du « chemin de ronde » en contrebas de l'église, un monticule de terre et de pierres derrière l'église, rappelant le souvenir de l'ancien donjon du château, et une porte fortifiée en arc brisé. Un des seigneurs de Montarcher fut Guillaume de Baffie qui, au lieu de combattre des brigands qui rançonnaient le pays sous la conduite d' un certain Vertamise, ne trouvait rien de mieux à faire que ripailler avec eux. Le procès du seigneur-brigand eut lieu en 1242 à Montbrison. Il fut dépossédé de son fief et Montarcher passa aux mains d'un Saint-Bonnet.
L'église s'élève sur l'ancienne chapelle du château. Ses chapelles datent du XVe. Dans l'une il y a une clé de voûte portant le blason des Rochebaron, qui furent longtemps les seigneurs du lieu. Le blason de la commune est d'ailleurs le leur. Dans l'autre chapelle se trouverait la pierre tombale de Claude Ferrier sur laquelle il est représenté vêtu de la dalmatique (chasuble). C'est grâce à l'abbé Ferrier que Montarcher possède les registres paroissiaux parmi les plus anciens de France, remontant à 1469 soit 70 ans avant l'ordonnance de Villers-Cotterets obligeant à la tenue de tels documents. A l'entrée nord du village, une croix classée monument historique (une des trois croix remarquables de Montarcher) est appelée « croix de Claude Ferrier » car elle porte son nom gravé sur une de ses faces. Sur une autre, il y a la mention de l'année 1497. C'est sur cette croix que les habitants accrochaient autrefois, lors d'un décès, une lanterne en hommage au défunt. L'église possède aussi une poutre de gloire du XVe ou XVIe siècle qui sépare le choeur de la nef et symbolise la création du monde. Noter encore à l'entrée de l'église, sous le porche, une mystérieuse statuette de granit antérieure à la chrétienté et représentant une déesse-mère donnant le sein à deux enfants. Elle fut découverte lors de la restauration de l'église.
A quelques km de là, Marols. Théodore Ogier, encore, indiquait à propos de ses habitants que les femmes y faisaient de la dentelle et que les hommes, outre quelques ouvriers serruriers, étaient pour beaucoup des scieurs de long fournissant planches pour les bateaux de Saint-Rambert et bois de mine à Saint-Etienne. D'un point de vue religieux, Marols fut un centre du Jansénisme. Quelque quarante ans après Ogier, l'abbé Adolphe Vachet dans Les paroisses du diocèse de Lyon : archives et antiquités : « Cette chrétienne population de Marols avait, avant la révolution, versé dans le Jansénisme et, après le Concordat, dans cette erreur qui fit la Petite église ou les concordataires. Il n'en reste heureusement plus rien. » C'est à Marols que se cacha quelques jours le célèbre François Jacquemont après son évasion de Montbrison. Ce prêtre janséniste et réfractaire de Saint-Médard-en-Forez avait été arrêté fin 1798.
Des moines bénédictins de Saint-Romain-le-Puy, dépendants de l'abbaye d'Ainay, y avaient établi un petit prieuré au XIIe siècle, pour laisser ensuite la place aux chanoines de Saint-Just de Lyon. Le village a souffert de la peste noire (une chapelle dédiée à saint Roch se trouve dans le cimetière) et de la guerre de Cent Ans. C'est pourquoi il s'est fortifié. L'aspect de ces fortifications est « du plus grand caractère et rappelle celui du château des Papes» écrivaient en 1936 les auteurs d'une communication au Congrès archéologique de France à propos de Champdieu mais dans laquelle ils citaient aussi Marols en exemple.
Le village a conservé notamment une poterne, une porte fortifiée, une tour en poivrière et l'impressionnante tour de défense de l'église qui se repère aisément à son chevet de par sa hauteur (vingt mètres) et ses grands mâchicoulis. Elle fut incendiée par les gens du baron des Adrets en 1562. En 1793, ce sont les cloches et vases sacrées de l'église qui furent volés par les bandes révolutionnaires. A l'intérieur, on remarquera en particulier deux chapiteaux romans (vestiges de la toute première église romane ?) sculptés de personnages qui ne sont pas identifiés. Ici aussi une poutre de gloire, mais en fer forgée, elle.
Tout près de l'église il y a la croix des Argnats. En pierre, elle se distingue par des billettes ou boules sculptées sur son croisillon, symbolisant sans doute des bubons ou furoncles (« argnat » en patois local). Les malades venaient la toucher, espérant la guérison. Au centre de la croix, pas de Christ mais un losange qui serait d'origine irlandaise...