On ne peut dissocier du jeu de l'arc, auquel nous avons consacré un article, cette autre pratique typique de la région stéphanoise, appelée aussi "jeu de la souffle". Nul ne sait comment elle est apparue.
Photos d'introduction: le tableau d'honneur du Jeu de l'Aigle (Saint-Etienne, date et auteur inconnus) et le drapeau des Joyeux Amis. Toutes les sources sont citées dans le texte. On a aussi emprunté à divers historiques glanés auprès du Comité. Cet article pourra être complété ultérieurement.
Photos/Forez Info
L'Express en 2012, dans un article intitulé " Bienvenue chez les Baveux", évoque "l'idée de génie" d'un armurier stéphanois. Nous sommes dans les années 1770. L'armurier, vexé de s'être vu annuler, pour malfaçon, une commande de tubes métalliques, transforma ses tiges creuses en instruments ludiques inspirés par les armes des peuplades d'Amérique du Sud. De façon à pouvoir écouler sa marchandise... Cent cinquante ans plus tard, à la belle époque de la sarbacane, la Manufacture Française d'Armes et Cycles de Saint-Etienne proposait à la vente de ces canons cylindriques de un mètre cinquante et 2,4 kilos, fabriqués avec de l'acier poli employé pour ses canons de fusil et pouvant lancer de petites flèches à 15 mètres environ.
Si la plupart des sociétés virent le jour au XIXe siècle, celle de la rue Croix Courette (Chavanelle), datait de cette époque. Celle de la rue Raisin a été fondée en 1779. Une troisième, la plus ancienne peut-être, existait aussi à cette époque dans le quartier du Coin. Une chanson de Georges Boyron (1730 - 1804) s'en fait l'écho:
" Notre Charabatana
Etablia vai lou Coin,
Sans tamboue ni campana
Nous rassemble de loin.
Venez, geontes pimbèches,
A notroun jeu nouvai
Et vous abattri sans flèches
Notroun petit usaî."
D'après Stanislas Bossakiewicz dans son Histoire générale de Saint-Etienne (1905), il existe dans la cité, en 1850, vingt-cinq jeux de sarbacane. Dans Politiques et aménagements sportifs en région stéphanoise, Stéphane Merle écrit qu'une vingtaine d'années plus tard, elles sont une quarantaine, sur 54 au total dans la Loire. Entre-temps, des sociétés ont été créées à Saint-Jean-Bonnefonds, Roche-la-Molière, Firminy, Unieux... A Firminy, six sociétés de sarbacane et de jeu de l'arc virent le jour entre 1865 et 1900 (Jean Vigouroux, Firminy 1814 - 1914, naissance d'une ville industrielle, 1994, cité par Stéphane Merle).
Pas qu'un jeu de mineurs
On associe facilement le jeu de sarbacane aux mineurs. C'est que cette pratique était semble-t-il recommandée par les médecins et qu'on songe bien sûr à la poussière de charbon encrassant les poumons. Voici en tout cas le recensement professionnel de 1855 des sociétaires de jeux de sarbacane de la région (soit 1466 joueurs), cité par Paul Castella dans Le Monde alpin et rhodanien (1978).
Ouvriers passementiers rubaniers: 36%
Ouvriers armuriers et canonniers: 15%
Ouvriers veloutiers: 10%
Ouvriers mineurs: 6%
Paul Castella: " Ce qui paraît, en gros, correspondre à l'importance relative des diverses corporations ouvrières de cette époque à Saint-Etienne. Et de mentionner aussi, la fondation, en 1859, d'un Jeu de la sarbacane des Charpentiers de la Ville de Saint-Etienne, boulevard Valbenoîte.
Photo de presse sans mention d'auteur (années 70, 80 ? )
Au Crêt de Roc
Un autre auteur, Jean-Michel Roux, dans un bulletin des Amis du Vieux Saint-Etienne (1999), s'est tout particulièrement intéressé aux sociétés de tir à l'arc et de sarbacane du Crêt de Roc. Il relève la création de cinq jeux de sarbacane dans le quartier, en comptant celui de la rue Raisin, le plus ancien, des années 1770 à 1870. Huit sociétés, en y ajoutant celles du jeu de l'arc, " localisées sur les flancs Sud, Est et Ouest de la colline dans les rues Neyron, Raisin, Eternité, Royet, du Treuil (Roger Salengro) et au faubourg la Croix (à proximité de l'actuelle rue de Roubaix)". Il donne pour le Jeu de sarbacane du 108 rue du Treuil, de trente-huit à cinquante-quatre sociétaires de 1855 à 1872 et un pic à 71 en 1860.
Ces sociétés, écrit-il, "ne recherchent pas forcément à rassembler beaucoup de monde car visent avant tout à tisser des liens de fraternité entre leurs membres (...). Elles sont basées sur le principe du qui se ressemblent s'assemblent. Elles ont certes une assise qui est relativement locale, mais une part non négligeable des Chevaliers viennent des autres faubourgs stéphanois. Seuls le centre-ville et les quartiers périphériques, qui n'ont pas la même composition socioprofessionnelle, en sont absents. Ainsi, en 1861, le Jeu de la sarbacane de la rue Raisin recrute ses membres sur 39 rues, hameaux et localités. Certains viennent de Beaubrun, Valbenoîte ou Montaud. Ce n'est donc pas tant la proximité géographique qui l'emporte mais bien la proximité sociale entre les membres..."
Initiation d'un matru lors d'un salon Armeville
" La composition socioprofessionnelle des sociétés nous montre une domination des artisans de l'ordre de 60 à 80% des sociétaires. Suivant les rues, ce sont soit les passementiers (rue Raisin) soit les veloutiers (rues Neyron et du Treuil) qui dominent suivis par les artisans du fer, de l'arme ou du bâtiment. Il y a peu d'employés et d'ouvriers (sauf à la sarbacane de la rue Raisin où ils sont 25% en 1859) et ceux qui le sont occupent des emplois plutôt qualifiés (monteur en arme par exemple). Il arrive cependant qu'un journalier occupe des fonctions importantes dans la société comme l'Infirmier général de la sarbacane de la rue Raisin ! Les rares commerçants présents ont souvent un intérêt particulier dans l'affaire : ils accueillent le siège ou sont marchands de vin..."
Cible d'honneur
Constitution d'une fédération
Le 23 juillet 1893, les capitaines d'une cinquantaine de sociétés de la région se rassemblent au Jeu "La Loyauté", rue Royet. Ils décident de créer une fédération départementale des jeux de sarbacane de la Loire. En mai 1896, la préfecture accepte ses premiers statuts. Cette fédération est l'ancêtre du Comité actuel, membre du Comité départemental olympique et sportif de la Loire (depuis 1988). Les concours ont été ouverts aux femmes dans les années 70 et aux jeunes à partir de 10 ans depuis 1989.
Les boules, le ballon de foot et la cible de sarbacane. Le célèbre Jeu de l'Aigle n'existe plus (lire plus loin).
Un roman (les anciens rites et règlements)
Organisées sur le mode de confréries, avec des grades calqués sur ceux des sociétés d'archers, elles s'appelaient alors "La Fraternité", "Les Francs Amis", "Les Amis Réunis", "Jeu des Barques", " Jeu du Champrond", " La Franche Loyauté", etc. L'appellation de "baveux" qu'on donne aux tireurs de sarbacane proviendrait du fait que lors du tir, le souffleur projette de la salive dans la canon. Elle pourrait faire aussi allusion au vin d'honneur servi lors de la cérémonie d'admission; le verre du récipiendaire portant dans son rebord de petits trous faisant baver le nouveau "chevalier". Les adhérents sont ainsi nommés. A leur tête se trouve un Capitaine - on dirait aujourd'hui un Président -, secondé par un Capitaine en second. Il y a un Secrétaire, un Prévôt, chargé de la discipline et de faire payer les amendes, etc.
L'Infirmier que mentionne plus haut Jean-Michel Roux est chargé de récolter des rétributions auprès de tous, qui seront employées aux besoins des chevaliers malades, pour payer l'inhumation d'un compagnon décédé ou aider sa famille. Une sorte de caisse de secours en somme que gère l'Infirmier. Elle est abondée également par les amendes. Le règlement étant très stricte, tout écart de conduite ou de langage était sanctionné. Une boîte était prévue à cet effet pour récolter l'argent. Il y a aussi le Servant qui est le gérant du terrain de jeu en plein air reconnaissable à son traditionnel mât de Tir au Papegai. Il est nommé pour un temps défini, logé et perçoit un pourcentage sur les consommations. Le Doyen est le plus ancien des Chevaliers et le Roi celui qui a remporté le concours de Tir au Papegai.
Les femmes n'étaient pas admises et les postulants devaient être âgés de 21 ans. 18 ans s'ils étaient fils de Chevaliers. Ils devaient être présentés par deux parrains membres de la société et admis par vote en présence de tous les adhérents. Le Capitaine annonçait la cérémonie, tirait un trait et donnait la sarbacane au nouveau venu qui tirait à son tour. Le Capitaine déclarait ensuite à voix haute: " à l'honneur de la société, nous vous recevons Chevalier". Le récipiendaire répondait en saluant. On lui remettait ensuite le livre du règlement et les insignes de la société qu'il payait. Il signait son admission et l'on buvait le vin d'honneur. Toute la vie du Chevalier était marquée par son appartenance à la société. Lors du décès d'un membre, un drap mortuaire était fourni par la Fédération et on mettait un crêpe aux cibles pendant quarante jours.
Paul Castella: " Il est expressément défendu de se présenter au Jeu et aux assemblées en état d'ivresse, non plus qu'en costume indécent, comme en bonnet et tablier de travail (NDFI: citation par l'auteur du règlement de la salle de L'Heurton, des Amis Réunis, 1848). Car ceux, pour qui, dans la vie sociale, l'épithète de "fainéant" représente la pire insulte, c'est à dire les travailleurs, savent aussi qu'une des indécences, et non la moindre, est de faire pénétrer le travail dans la sphère du jeu. A ce sujet, il est remarquable de constater combien les anciennes photographies de groupes de "baveux" - dont certaines, encadrées, sont toujours exposées dans les locaux des sociétés - représentent des "messieurs" à l'air grave, à l'allure très respectables, vêtus d'habits, évoquant d'avantage pour nous une assemblée de bourgeois qu'une amicale de prolétaires. Le caractère cérémoniel sinon cérémonieux du jeu ne fait pas de doute.
Boîte à amendes. Le monument en pierre situé sur la place de l'abbaye de Valbenoîte, à Saint-Etienne, s'inspire sans doute de la cagnotte des "baveux"
Les plus anciens parmi les joueurs ne rapportent-ils pas, qu'encore avant-guerre, il n'était pas toléré de tirer autrement que coiffé, en cravate et en veste et après avoir salué le président ? - ce que se rappelant, ils affirment que cela avait "de la classe". D'ailleurs, la plupart des amendes prévues par le règlement sont pour des infractions qui témoignent d'un oubli de cette règle fondamentale selon laquelle, à l'intérieur de l'espace du jeu, les préoccupations de travail de l'ouvrier ne pénètrent pas: manque de dignité, allusions politiques ou syndicales, atteintes au protocole doivent être expiées par une offrande symbolique dans la cagnotte."
" Il existe à Saint-Etienne
Un jeu de souffle vraiment rapin
Où c'est une vraie merveille
Tous les joueurs sont des copains
Le nom de cette pépinière
Vous le connaissez sûrement
Car à Saint-Etienne, il n'y en a guère
C'est la Renaissance, certainement.
Joueurs, attention
Voilà les champions !
Dans les Jeux, ou sur les places
Il faut leur céder le pas
C'est le jeu de souffle de la Renaissance
Ceux-là , on ne les aura pas
Et si parfois ils sont battus
Et ne rapportent pas le bouquet
Ils rapportent, je vous le promets
Une bonne cuite, rue Pointe-Cadet.
Il faut les voir dans les concours
Pour faire voir qu'ils ne sont pas manchots
Le président, toujours en tête
Bien secondé par Mazenaud
Sur les cibles, ils font du ravage
Les mesureurs n'ont pas beau temps
Il y a bien Rémy Cadhilac
Qui voudrait bien en faire autant..."
Extrait de la chanson du Jeu de La Renaissance (premier couplet, refrain et 2e couplet, non datée)
Le matériel
La sarbacane, ou canon, est en acier et mesure environ 1,45 mètre. Elle fait de 9 à 11 mm de diamètre intérieur. Son poids est de 2 à 2,5 kilos. Certains canons sont ouvragés ou possèdent une embouchure travaillée, une manière de les personnaliser. Avant la Grande Guerre, les sarbacanes fabriquées par Crepet, Cizeron, Marson, Ronchard, étaient réputées pour leur beauté. Au début des années 2000, le Centre d'Aide par le Travail, un atelier de l'association IMC Loire, avait repris une fabrication de sarbacanes. Existe-t-elle toujours ?
Pour nettoyer le canon, on utilise une panne. C'est une ficelle légèrement plus longue que le canon dont un bout est accroché à un petit cylindre métallique et l'autre bout à un chiffon. Il suffit de faire glisser le petit cylindre dans le tube pour attraper la ficelle qu'on tire pour y faire passer le chiffon.
Les traits (projectiles) sont calibrés en fonction du calibre du canon et sont composés d'une partie cylindrique en acier sur laquelle est adapté un empennage à six ou huit pans à partir, à l'origine, de plumes d'oies. Ces traits sont rangés soigneusement par chaque Chevalier dans une boîte lui appartenant. Par ailleurs, chaque souffleur doit avoir sur lui deux traits lors du tir. C'est pourquoi, ils portent, épinglé sur leur habit, un "porte-traits", c'est à dire un étui qu'ils fabriquent eux-mêmes. Il s'agit parfois, pour les plus anciens, de deux douilles de fusils coupées et associées.
Il existe deux types de cibles: la "franchise" et le "but" donnant lieu à deux sortes de jeux. Ces cibles sont placées au centre d'un disque de bois tendre de 15 centimètres environ, appelé "tourte", lui-même sur un support en bois de 60 cm environ et parfois très décoré. Ces supports, pour lesquels il n'existe pas de forme réglementaire, sont fixés soit au mur, soit sur un pied mobile.
Des anciens trophées
Les jeux
Le Tir à la Franchise (dit aussi au papier) s'effectue sur une petite cible en papier formée de six cercles concentriques, numérotés de 1 à 6, de l'extérieur vers le centre. Ce dernier mesure 7 millimètres de diamètre. Le plus grand cercle (celui du 1) mesure 40 millimètres. Le tireur effectue huit volées de deux traits pour réaliser un maximum de points. Le tir s'effectue à 8,15 mètres. Le centre de la cible est à une hauteur de 1,33 mètres.
Le Tir au But s'effectue sur une minuscule cible en bois de 12 mm de diamètre. Une fine pointe, le "piquillon" dépasse au centre. Le souffleur tire huit volées de deux coups pour s'approcher au plus près du "piquillon". Distance de tir et hauteur de cible sont les mêmes qu'au tir à la franchise. Seul le meilleur coup de chacun est pris en compte. Le meilleur tir consiste à placer son trait parfaitement contre le "piquillon". C'est le coup de but "sans jour".
On dit d'un autre très bon coup qu'il est "à jour" lorsque le trait est planté très près du "piquillon" et qu'il est impossible de mesurer la distance entre les deux à l'aide de l'échantil. Cet instrument fonctionne sur le principe du pied à coulisse du mécanicien. La partie fixe se place entre le "piquillon" et le trait. La partie mobile et graduée de l'échantil permet au "Super" de mesurer la valeur du coup de but.
Le Tir au Papegai se jouait autrefois entre membres de la même association, deux fois l'an, en mai ou juin. La cible avait la forme d'un oiseau de 4 cm de long. Elle était fabriquée en bois léger et composée de quatre pièces (tête, corps, deux ailes) assemblées par collage. Elle était fixée à 8, 15 mètres de hauteur. Celui qui abattait le corps de l'oiseau était vainqueur et devenait "grand chevalier" ou "roi" pendant un an. Trois victoires consécutives donnaient droit au titre d' "empereur".
Le Tir des Trois oiseaux est calqué sur le principe du papegai mais avec trois oiseaux placés en haut du mât, à dix centimètres les uns des autres. Ce jeu avait été remis au goût du jour par le Comité départemental dans les années 1990.
Un article publié dans nos pages en 2009: "de nouveaux Chevaliers au Comité"
En ce début d'année, le Club sarbacane boules Holtzer Vigneron d'Unieux a rejoint le Comité départemental de sarbacane. Il était en sommeil depuis 1997. Et c'est maintenant au tour de l'Amicale des Joyeux Amis de faire renaître le jeu des Chevaliers.
Le Comité Départemental des Jeux de Sarbacane de la Loire intègre une dizaine d'associations dont deux au Chambon-Feugerolles (Foyer laique et Réveil Chambonnaire), Aurec Sarbacane, fondée par Renaud-Goud père, la Sarbacane Boule de Saint-Jean-Bonnefonds et trois à Saint-Etienne: l'Amicale laique Côte-Chaude, l'Amicale laique de Tardy et le Jeu du Champrond. Une des plus célèbres s'est sabordée en 2008. Le Jeu de l'Aigle était en effet la plus ancienne société stéphanoise de sarbacane encore en activité. Elle fut créée en 1868, la même année que la Sarbacane Boule de Roche-la-Molière qui, pour sa part, existe toujours. Son histoire, ces dernières années, était intimement liée à la famille Seux dont Jean-Marie, "un des grands tireurs de France", nous apprend Lucien Bec. Ces dernières années, une autre s'est éteinte à Saint-Just-Saint-Rambert.
Lucien est membre du bureau de l'Amicale des Joyeux Amis. Baveux dans l'âme depuis perpète, il entend redonner un second souffle au noble jeu, délaissé à l'Amicale du quartier Saint-Roch depuis plusieurs années. "Je me donne un an pour former les jeunes avant de laisser la relève" , annonce-t-il. La société des Joyeux Amis deviendrait du même coup la plus ancienne des associations du Comité. Elle a en effet été fondée en 1864, ainsi qu'en témoigne son drapeau accroché au mur. Lucien Bec est confiant. Il nous dit pouvoir compter sur une douzaine de souffleurs dont Omar qui nous fait une démonstration. " C'est fameux pour un débutant", commente Lucien devant le trait planté dans la tourte, à quelques petits centimètres du piquillon. "On va s'entraîner pour entrer dans la compétition" , ajoute-t-il.
C'est au dernier salon Armeville qu'Olivier Renaud-Goud (le fils), président du Comité, nous avait expliqué comment ça se passe. Sur les 150 et quelques membres du Comité, une quarantaine participent au concours par points. Il s'agit d'une compétition en individuel et par clubs, sur une année, en 23 ou 24 manches, et autant de journées, organisées à tour de rôle par les associations membres. Le calendrier est établi au cours d'une Assemblée générale. Au terme de chaque partie, le tireur a gagné ou perdu des points. Le vainqueur est celui qui a le plus de points au compteur au terme du championnat. A l'époque, après quelques concours, c'est le Réveil Chambonnaire qui était en tête, devant le Foyer laà¯que et la Sarbacane Boule de Saint-Jean-Bonnefonds. En 2007, c'est cette dernière qui avait remporté le championnat. "Ils ont plus d'adhérents, s'entraînent beaucoup" , faisait remarquer le président, membre du club d'Aurec. C'est que les absences aux concours sont évidemment pénalisantes.
Le président du Réveil et ancien président du Comité, Jean-Louis Play, avait été vainqueur en 2005. Ses parents, Pierre et Andrée, sont les doyens du Comité. Les jeunes sont acceptés dans le jeu à partir de l'âge de 10 ans. Ils ont leur propre championnat. A noter encore qu'il existe d'autres concours, ponctuels ceux-là . Mais Lucien Bec avoue de son côté préférer la tradition à la discipline. "C'est la discipline qui a un peu tué la convivialité, l'amitié et la Sarbacane ", estime-t-il. Il a monté une petite exposition épatante à l'Amicale, située dans les escaliers de la rue Bouillet. Des dizaines de coupures de journaux et photographies rendent compte de la vie de la Société, comme ce jour de janvier 1993 où 73 chevaliers s'y affrontèrent. Sylvie Zucco (AL Côte-Chaude) termina seconde derrière Jean-Louis Play. Le Comité, ou plutôt la Fédération de l'époque, pour l'anecdote, n'a accepté les chevalières que dans années 1970 ! L'Amicale expose aussi une superbe tourte, délicatement sculptée, provenant de l'ancienne Société de la Poudrière, à Valbenoîte. Autour, des objets sont soigneusement accrochés, dont un minuscule porte-traits ornée d'une perle de culture, cadeau d'un parrain chevalier à sa filleule adoubée...
Montage photographique publié en 1978 dans une revue dont nous avons perdu le titre, illustrant un article signé Danielle Petit et Maurice Muller.
Aujourd'hui ?
En 2014, et d'après ce que nous pouvons lire sur le site internet du Comité, c'est en juin, après 12 concours (sept manches à la franchise et cinq au but), l'équipe du Réveil Chambonnaire qui est en tête des neuf équipes, devant celles de Saint-Jean-Bonnefonds et du Foyer laic du Chambon. En individuel (52 tireurs dont 14 femmes) domine pour l'heure Marc Lavatte (Foyer laic). La première dame est Andrée Vinson (Les Routiers, Saint-Etienne), 5e au classement général.