" Soyez prudents comme les serpents, soyez simples comme les colombes." Cette devise, extraite du Nouveau Testament (Matthieu, Xe chapitre), figure sur l'hôtel du XVe siècle d'un certain Jean Pelletier.
Elle serait le secret de sa vie. C'est en sa faveur, à ce "bourgeois parvenu" (ainsi qualifié sur le panonceau explicatif de l'hôtel), juge du Forez et chancelier du Bourbonnais, que furent érigés fief et baronnie de Beaucresson, sous le duc Louis II de Bourbon en 1475 (Annales de la Société impériale d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire, 1870). Cet hôtel se trouve dans le Roannais à Saint-Haon-le-Châtel. Cette petite commune possède bien d'autres atouts patrimoniaux qui lui ont valu de faire partie des onze villages de caractère de la Loire.
Né comme Crozet près du Grand chemin du Forez, Saint-Haon est mentionné dès 949. " In Rodanensi pago una ecclesia in honore Sancti Habundi consecrata", lisons-nous dans le Dictionnaire topographique du département de la Loire de Dufour, dans le paragraphe consacré à ... Saint-Haon-le-Vieux. Il y a aujourd'hui en effet deux communes limitrophes: Saint-Haon-le-Châtel et Saint-Haon-le-Vieux, la paroisse primitive autrefois nommée Saint-Haon-l'Eglise.
La première mention du château, édifié sur un piton rocheux tout proche, daterait de 1115; Il figurerait dans un acte retouché, d'après Marcel Goninet (Histoire de Roanne et sa région, 1976) qui renvoie à Etienne Fournial. On ne lit rien de tel dans le Dictionnaire topographique. Sur place, le balisage de la visite autoguidée explique que ce château, autour duquel s'est développé un village fortifié, était "possédé les comtes de Forez" et qu'il "est mentionné dès 902"...
Si l'on en croit Marcel Goninet, le château fut acquis pour moitié par le comte de Forez, Guy IV, vers 1240. Celui-ci avait déjà , bien auparavant, dans les années 1220, conclu un accord avec la dame de Semur qui lui abandonnait tous les droits qu'elle revendiquait sur certains territoires de la région, dont Saint-Haon-le-Châtel. C'est que tout au long du XIIIe siècle, les comtes de Forez, opposés notamment aux vicomtes de Mâcon, étendent considérablement leur domaine. A la fin du XIIIe, écrit l'historien, "le comte de Forez domine le pays roannais sans conteste (...) tout au moins la partie située à l'Ouest de la Loire".
Ce village de Saint-Haon-le-Châtel devint aux XIIIe et XIVe l'une des importantes villes du Roannais, avec Saint-Just-en-Chevalet, Villerest, etc. Elle était entourée de fossés et deux enceintes: une première édifiée au XIIe siècle et une deuxième aux XIIIe/ XIVe. Deux faubourgs se développèrent, Palerne, au XIIIe siècle, où se tenaient les marchés, et Fondange, au XIVe.

Il subsiste de très beaux vestiges du bourg médiéval - remparts, tours et portes - en particulier la Porte de l'horloge (XIVe), encore munies de vantaux en chêne hérissés de clous en pointe de diamant. Une autre porte, la Poterle, mettait en relation le centre de la ville avec le faubourg de Fondange. Elle passe pour être "la porte de la trahison", celle qui aurait été ouverte par un habitant aux soldats du roi Charles VII qui assiégeaient la cité en 1440. Dans son recueil Légendes et traditions foréziennes (1865), Frédéric Noëlas - une rue de Saint-Haon porte son nom - consacre un chapitre à cet épisode de la Praguerie.
On nomme Praguerie une brève révolte contre Charles VII réunissant certains de ses grands vassaux, et le dauphin lui-même, son propre fils, le futur Louis XI. Parmi les grands seigneurs coalisés figurait Charles Ier de Bourbon, comte de Forez. Le siège de Saint-Haon est mentionné dans la Chronique de Gilles le Bouvier, héraut d'armes de Charles VII. Frédéric Noëlas: " Charles VII, après les quelques heures de siège et de canonnade contre ces murs, dont la haute position faisait la seule force, donna-t-il un exemple de clémence, rare en ce temps-là , envers les bourgeois de la ville: il leur pardonna, les prit en amitié, et l'on montre encore à Saint-Haon la chambre où il coucha après la bataille". Et l'érudit de donner à lire ensuite la "tradition" du siège, une évocation très vivante, imagée, avec un brin de lyrisme. Aucune mention de trahison toutefois... D'après Goninet, la générosité du roi à Saint-Haon, en interdisant le pillage, amena de suite la reddition de Charlieu, Perreux et Roanne. Charles VII se rendit ensuite à Cusset, dans l'Allier, où son fils vint implorer son pardon.
A voir aussi la Tour de Favières, la Tour du comte et la Tour carrée et ses mâchicoulis. Cette dernière est appelée "tour Jusserand", en mémoire de Jean Jules Jusserand, ambassadeur de France, ami du président Théodore Roosevelt (lire). Sans oublier l'Hôtel-Dieu, cité pour la première fois en 1286. Et bien sûr l'église. Haon constitue une corruption de Abonde. L'église de Saint-Haon-le-Vieux lui est toujours dédié, quand celle de Saint-Haon-le-Châtel est placée sous le vocable de Saint-Eustache. De quel saint s'agit-il ? Il y eut en effet plusieurs saints portant le prénom d'Abonde...
L'église saint Eustache est probablement située à l'emplacement de l'ancienne chapelle du château. Construite à partir de la fin du XIIe siècle, elle fut érigée en paroisse en 1439. Une inscription accueille le visiteur, au dessus du porche sur l'ancienne entrée principale: "Par où tu passes j'ai passé Par où j'ai passé tu passeras Comme toi au monde j'ai été Et comme moi mort tu seras".
Ses chapelles adjacentes furent édifiées à partir des XIVe et XVe siècles. Une d'entre elles est celle de Jehan Pelletier, mentionné en tout début d'article. On remarquera la belle poutre de gloire à l'entrée du choeur, d'époque Louis XV, et les fresques. Sont exposés, entre autres, un dais de procession, ostensoir et chape utilisés lors de la Fête-Dieu, le deuxième dimanche après Pentecôte. Lors de la procession, le curé, vêtu de cette chape, prenait place sous le dais que portaient quatre villageois, et tenait l'ostensoir portant en son sein l'hostie consacrée.
Il y aussi à l'extérieur, sur la façade de l'église, un cadran solaire-méridienne à style droit bouleté portant la devise " Cape quod advenit" ("Saisir ce qui commence"). Un autre cadran solaire se trouve tout près, sur un bel hôtel particulier du XVIe siècle avec tourelle (en photo ci-dessous).

Non loin de Saint-Haon, à une petite dizaine de km, se trouve Ambierle. La commune est connue - si on peut dire - pour son prieuré dont l'église possède un très beau retable (lire l'article dans notre encyclo). C'était au Xe siècle une abbaye soumise à l'ordre bénédictin de Cluny avant qu'elle ne soit réduite en prieuré au tout début du XIIe. Ce nom d'Ambierle provient-il des Ambivarètes, peuple gaulois client des Eduens (comme les Ségusiaves), cité par Jules dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules ?
L'église fut reconstruite durant la seconde moitié du XVe siècle par Antoine de Balzac d'Entragues. Cet édifice gothique (classé MH) est coiffé d'une toiture en tuiles vernissées qui le signale de loin. Il est construit en calcaire jurassique provenant des environs de Charlieu et, pour les contreforts extérieurs, en granit. Sa nef est haute de 16 mètres. Les grandes verrières de l'abside et les autres vitraux, du XVe siècle, comptent parmi les plus beaux de la région.
S'y trouve le tombeau de Jean-Marie Odin (1800 - 1870). Natif du pays, Jean-Marie Odin fut vicaire apostolique du Texas, évêque de Galveston (Texas) et archevêque de La Nouvelle-Orléans (Louisiane), où il succéda à Antoine Blanc, un autre Forézien né à Sury-le-Comtal.


Né comme Crozet près du Grand chemin du Forez, Saint-Haon est mentionné dès 949. " In Rodanensi pago una ecclesia in honore Sancti Habundi consecrata", lisons-nous dans le Dictionnaire topographique du département de la Loire de Dufour, dans le paragraphe consacré à ... Saint-Haon-le-Vieux. Il y a aujourd'hui en effet deux communes limitrophes: Saint-Haon-le-Châtel et Saint-Haon-le-Vieux, la paroisse primitive autrefois nommée Saint-Haon-l'Eglise.
La première mention du château, édifié sur un piton rocheux tout proche, daterait de 1115; Il figurerait dans un acte retouché, d'après Marcel Goninet (Histoire de Roanne et sa région, 1976) qui renvoie à Etienne Fournial. On ne lit rien de tel dans le Dictionnaire topographique. Sur place, le balisage de la visite autoguidée explique que ce château, autour duquel s'est développé un village fortifié, était "possédé les comtes de Forez" et qu'il "est mentionné dès 902"...
Si l'on en croit Marcel Goninet, le château fut acquis pour moitié par le comte de Forez, Guy IV, vers 1240. Celui-ci avait déjà , bien auparavant, dans les années 1220, conclu un accord avec la dame de Semur qui lui abandonnait tous les droits qu'elle revendiquait sur certains territoires de la région, dont Saint-Haon-le-Châtel. C'est que tout au long du XIIIe siècle, les comtes de Forez, opposés notamment aux vicomtes de Mâcon, étendent considérablement leur domaine. A la fin du XIIIe, écrit l'historien, "le comte de Forez domine le pays roannais sans conteste (...) tout au moins la partie située à l'Ouest de la Loire".
Ce village de Saint-Haon-le-Châtel devint aux XIIIe et XIVe l'une des importantes villes du Roannais, avec Saint-Just-en-Chevalet, Villerest, etc. Elle était entourée de fossés et deux enceintes: une première édifiée au XIIe siècle et une deuxième aux XIIIe/ XIVe. Deux faubourgs se développèrent, Palerne, au XIIIe siècle, où se tenaient les marchés, et Fondange, au XIVe.



On nomme Praguerie une brève révolte contre Charles VII réunissant certains de ses grands vassaux, et le dauphin lui-même, son propre fils, le futur Louis XI. Parmi les grands seigneurs coalisés figurait Charles Ier de Bourbon, comte de Forez. Le siège de Saint-Haon est mentionné dans la Chronique de Gilles le Bouvier, héraut d'armes de Charles VII. Frédéric Noëlas: " Charles VII, après les quelques heures de siège et de canonnade contre ces murs, dont la haute position faisait la seule force, donna-t-il un exemple de clémence, rare en ce temps-là , envers les bourgeois de la ville: il leur pardonna, les prit en amitié, et l'on montre encore à Saint-Haon la chambre où il coucha après la bataille". Et l'érudit de donner à lire ensuite la "tradition" du siège, une évocation très vivante, imagée, avec un brin de lyrisme. Aucune mention de trahison toutefois... D'après Goninet, la générosité du roi à Saint-Haon, en interdisant le pillage, amena de suite la reddition de Charlieu, Perreux et Roanne. Charles VII se rendit ensuite à Cusset, dans l'Allier, où son fils vint implorer son pardon.
A voir aussi la Tour de Favières, la Tour du comte et la Tour carrée et ses mâchicoulis. Cette dernière est appelée "tour Jusserand", en mémoire de Jean Jules Jusserand, ambassadeur de France, ami du président Théodore Roosevelt (lire). Sans oublier l'Hôtel-Dieu, cité pour la première fois en 1286. Et bien sûr l'église. Haon constitue une corruption de Abonde. L'église de Saint-Haon-le-Vieux lui est toujours dédié, quand celle de Saint-Haon-le-Châtel est placée sous le vocable de Saint-Eustache. De quel saint s'agit-il ? Il y eut en effet plusieurs saints portant le prénom d'Abonde...
L'église saint Eustache est probablement située à l'emplacement de l'ancienne chapelle du château. Construite à partir de la fin du XIIe siècle, elle fut érigée en paroisse en 1439. Une inscription accueille le visiteur, au dessus du porche sur l'ancienne entrée principale: "Par où tu passes j'ai passé Par où j'ai passé tu passeras Comme toi au monde j'ai été Et comme moi mort tu seras".
Ses chapelles adjacentes furent édifiées à partir des XIVe et XVe siècles. Une d'entre elles est celle de Jehan Pelletier, mentionné en tout début d'article. On remarquera la belle poutre de gloire à l'entrée du choeur, d'époque Louis XV, et les fresques. Sont exposés, entre autres, un dais de procession, ostensoir et chape utilisés lors de la Fête-Dieu, le deuxième dimanche après Pentecôte. Lors de la procession, le curé, vêtu de cette chape, prenait place sous le dais que portaient quatre villageois, et tenait l'ostensoir portant en son sein l'hostie consacrée.
Il y aussi à l'extérieur, sur la façade de l'église, un cadran solaire-méridienne à style droit bouleté portant la devise " Cape quod advenit" ("Saisir ce qui commence"). Un autre cadran solaire se trouve tout près, sur un bel hôtel particulier du XVIe siècle avec tourelle (en photo ci-dessous).



Chapelle de Pierrefitte (XIVe sècle) avec les armes de Jean de La Grange (1325-1402), évêque d'Amiens puis cardinal, qui fit réparer l'église.
L'église fut reconstruite durant la seconde moitié du XVe siècle par Antoine de Balzac d'Entragues. Cet édifice gothique (classé MH) est coiffé d'une toiture en tuiles vernissées qui le signale de loin. Il est construit en calcaire jurassique provenant des environs de Charlieu et, pour les contreforts extérieurs, en granit. Sa nef est haute de 16 mètres. Les grandes verrières de l'abside et les autres vitraux, du XVe siècle, comptent parmi les plus beaux de la région.
S'y trouve le tombeau de Jean-Marie Odin (1800 - 1870). Natif du pays, Jean-Marie Odin fut vicaire apostolique du Texas, évêque de Galveston (Texas) et archevêque de La Nouvelle-Orléans (Louisiane), où il succéda à Antoine Blanc, un autre Forézien né à Sury-le-Comtal.
Clocher de l'ancienne église paroissiale d'Ambierle, sur la place Lancelot. Aujourd'hui les locaux de la poste occupent cette ancienne église.