
Originaire de Tarbes, la famille Foch vécut trois ans à Saint-Etienne. Le père, fonctionnaire (percepteur général) y avait été affecté en 1866. Le jeune Foch avait alors étudié au collège Saint-Michel, avant de partir à nouveau, cette fois pour Metz où il poursuivit sa scolarité dans un autre collège jésuite. C'est à l'invitation des anciens élèves de l'établissement stéphanois qu'il répond ce jour de novembre 1919. Il passe la nuit à Saint-Priest-en-Jarez dans la villa du président de l'association: Stéphane Germain de Montauzan.
Le lendemain, dimanche, à la Résidence, à l'angle de la rue de la Paix et du Palais de Justice (aujourd'hui les rues Aristide Briand et de la Paix et Jacques Desgeorges), les anciens de Saint-Michel attendent impatiemment le maréchal et une autre grande figure militaire de la guerre de 14-18. Il s'agit du général Emile Fayolle, natif du Puy-en-Velay, lui aussi ancien élève de Saint-Michel (1867 - 1870). Il avait passé la nuit chez sa soeur et arrive vers 10h15, suivi de peu par Foch auquel les jeunes gymnastes de la Vigilante font une haie d'honneur dans le vestibule. Ils rejoignent ensuite la chapelle où les attendent 450 personnes et où une messe est dite par Mgr Chassagnon, vicaire épiscopal de Saint-Etienne, assisté de plusieurs prêtres stéphanois.
Le lendemain, dimanche, à la Résidence, à l'angle de la rue de la Paix et du Palais de Justice (aujourd'hui les rues Aristide Briand et de la Paix et Jacques Desgeorges), les anciens de Saint-Michel attendent impatiemment le maréchal et une autre grande figure militaire de la guerre de 14-18. Il s'agit du général Emile Fayolle, natif du Puy-en-Velay, lui aussi ancien élève de Saint-Michel (1867 - 1870). Il avait passé la nuit chez sa soeur et arrive vers 10h15, suivi de peu par Foch auquel les jeunes gymnastes de la Vigilante font une haie d'honneur dans le vestibule. Ils rejoignent ensuite la chapelle où les attendent 450 personnes et où une messe est dite par Mgr Chassagnon, vicaire épiscopal de Saint-Etienne, assisté de plusieurs prêtres stéphanois.

Foch au défilé de la Victoire à Paris

Saint-Etienne, plaque rue Camélinat
Avant de poursuivre, un mot sur l'histoire (compliquée) du collège. Elle a été racontée par Paul Sordet dans un livre publié en 1991. Cette lecture nous a réservé plusieurs surprises. L'auteur écrit par exemple que son arrière-grand-oncle, André Sordet, est "passé" lui aussi au collège en 1868-1869. Infiniment moins connu que Foch et Fayolle, André Sordet (1852 - 1923) fut l'un des généraux de l'armée française pendant la Grande Guerre. Il commandait le 1er corps de cavalerie au déclenchement des hostilités. Mais son nom n'apparaît pas dans le Livre d'or des anciens élèves de Saint-Michel ayant combattu en 14-18. Est-ce parce qu'il fut destitué de son commandement en septembre 1914 ? Est-ce parce que s'il vint au collège, c'était pour "poursuivre une classe préparatoire aux grandes écoles", comme l'écrit son arrière-petit-neveu ?
L'établissement ouvre ses portes le 4 novembre 1850. Il s'appelle collège Saint-Charles et il est situé rue de Roanne (futures rues du Président Wilson et du Général Foy). Dès l'année suivante, il change de nom et s'installe dans la rue du Vieux-Montaud (future rue Victor-Duchamp) dans un immeuble acheté aux Frères des Ecoles Chrétiennes. En 1911, il est confisqué et évacué. L'Association forézienne d'Enseignement libre (AFEL), composée de familles, achète alors une propriété située rue Emile (l'emplacement du collège actuel, rue Jules Vallès) où l'on transporte le Grand Collège. Le petit Collège, lui, s'installe rue Etienne- Dolet pour les 25 ans à venir.
Quand Foch et Fayolle viennent à Saint-Etienne en 1919, le Grand Collège n'a pas de chapelle et de salle de réunion suffisamment grandes pour accueillir tout le monde, d'où cette solution de repli vers la Résidence, à l'angle des actuelles rues Aristide Briand et de la Paix et Jacques Desgeorges. C'est le père Croizier, recteur du collège de 1877 à 1881, qui fit bâtir ces bâtiments destinés à l'instruction des ouvriers et structurés autour d'une chapelle.

Le maréchal Fayolle
Poursuivons la relation de cette visite. On la doit à un auteur anonyme, membre de l'association des anciens élèves. Elle figure à la fin du Livre d'or mentionné plus haut, édité en 1920. Après la messe, le Révérend Père Antoine Tissot, aumônier du collège, énumère les noms des anciens élèves morts au champ d'honneur. " Impressionnante litanie de ce catalogue héroà¯que, plus émouvante encore quand des noms se répètent deux, trois, quatre fois, multipliant la mort, l'héroïsme et le sacrifice !"
Le livre recense 271 anciens de Saint-Michel ayant combattu en 14-18. 107 ont trouvé la mort durant le conflit. Les noms sont classés par ordre alphabétique. Chacun a sa notice. Les plus longues sont bien sûr celles de Foch et Fayolle.
C'est Jean Allimant qui l'inaugure. Son parcours de soldat l'a conduit en Belgique, Champagne, Somme, Roumanie, Bulgarie et Russie où il fut fait prisonnier par les "Rouges". Evadé et bessé deux fois.
Sans que l'on connaisse les liens de parenté, on relève cinq soldats dénommés Tézenas du Montcel et cinq Colcombet (dont deux ont été tués). Mais encore deux Bouchut, deux sous-lieutenants dans des régiments différents, tous deux chevaliers de la Légion d'honneur et tous deux tombés en septembre 1914. On lit aussi le nom Longevialle à quatre reprises. Trois ont été tués.
Leurs affectations, les éventuelles appréciations, citations, décorations (Fayolle à lui seul en a reçu une douzaine, françaises et étrangères, du Japon à la Russie, de la Belgique aux Etats-Unis) et circonstances de leur mort sont renseignés. On lit par exemple de cet officier qu'il était "extrêmement vivant, ayant su tirer le maximum de ses hommes par sa crânerie au feu et son inaltérable gaîté...". Le baron de Rochetaillée, conseiller général, servant dans un régiment de cuirassiers, fut d' une "bravoure toute cavalière". Et c'est autre "a franchi les tranchées ennemis devant les Allemands en fuite, courant planter un drapeau tricolore sur la terre d'Alsace, en chantant..."
La plupart ont servi dans l'infanterie. Denis Epitalon aussi mais, lui, rejoignit l'aviation en 1915 (escadrille 15). Il fut cité à l'ordre de l'armée en décembre 1916 après avoir été blessé "au cours d'une mission particulièrement dangereuse" et avoir "soutenu dix combats aériens et ramené plusieurs fois son appareil gravement endommagé par des projectiles ennemis". Il le fut à nouveau fin mai 1917 après plus de 270 heures de vol. Un mois et demi plus tôt, étant d'escorte de reconnaissance, il a "disparu à l'ennemi après un combat sans merci".
Sa profession est précisée: "fabricant de rubans". Elle l'est de temps à autre, mais seulement quand il s'agit d'un architecte, médecin (les Guichard à Saint-Etienne et Bourg-Argental), ingénieur, avocat ou notaire. Noël Desjoyaux était quant à lui le fils d'un conseiller général et maire de Saint-Galmier. Les décorations sont parfois un peu exotiques. Ainsi Henry David, capitaine, fut fait chevalier de l'Etoile de Roumanie, et François David a obtenu la médaille du Mérite militaire grec pour "services précieux rendus à l'armée hellénique comme instructeur au 7e régiment de la division de Crète".
On lit les noms de dix Jésuites, dont le R.P. Franck de Contagnet, tué à Gallipoli en 1915, et Joseph de Boissieu, mort du typhus à Alexandrie cette même année.
Après Foch et Fayolle, un 3e grand "galonné" occupe toute sa place dans ce Livre d'or. Ce qui porte à quatre le nombre de généraux étant passés par Saint-Michel, si l'on compte Sordet. Il s'agit du général comte Octave Exelmans (Charles Marie Jacques Octave, 1854 - 1936). Il est le descendant du maréchal Rémy Joseph Isidore Exelmans, un fidèle de Napoléon Ier connu pour s'être illustré notamment à la bataille de Wertingen et avoir traversé la manche en barque après s'être échappé des geôles anglaises. Né à Lyon, Octave Exelmans commanda par intérim la 35e division puis prit le commandement de la 198e brigade d'infanterie. Chevalier de l'Ordre de l'Epée de Suède, Commandeur de Charles III d'Espagne, du Christ de Portugal, etc., etc.
La suite se déroule dans la salle de conférences ornée de drapeaux et tentures. Le maréchal et le général prennent place dans des fauteuils dorés. C'est le moment des discours, nombreux. Le président de l'association, Stéphane Germain de Montauzan, prend la parole le premier. Il avait servi pendant la guerre dans le service des chemins de fer et étapes, comme commissaire militaire dans diverses gares, notamment au camp anglais de Blarzies, dans l'Oise. Profession: avocat. Il s'adresse à Foch:
" Il y a cinquante ans, lauréat des classes de philosophie et de mathématiques, vous quittiez notre vieille maison après trois années d'études pour le collège Saint-Clément de Metz et l'Ecole Polytechnique. Vous étiez Ferdinand Foch tout court. Aujourd'hui, vous nous revenez auréolé de gloire, vainqueur des deux Marnes, de l'Yser et de l'Artois, généralissime des armées alliées et maréchal de France..."
Une épée d'honneur lui est ensuite remise. Il s'agit d'une oeuvre de l'artiste forézienne Emma Thiollier, exécutée par Falize. Ce dernier a en réalisées beaucoup, des épées d'honneur, d'après une notice biographique publiée dans Qui êtes-vous ? un who's who de 1924: pour le général forézien Berthelot, Mangin, De Castelnau, Joffre, le roi Alexandre de Serbie... A la garde de celle de Foch est représenté l'archange Saint Michel, qui est un des saints patrons de la France. Il conserve ses ailes mais il a la particularité d'avoir endossé pour la circonstance la capote du troupier français, crocheté le ceinturon, et serré les bandes molletières. Il piétine l'aigle allemande. Le maréchal apprécie, écrit l'auteur de la relation: " De toutes les épées d'honneur que j'ai reçues, celle que vous m'offrez sera la plus précieuse. Profondément touché, je vous en remercie."
Un Livre d'or est remis à Emile Fayolle. Sur le maroquin vert, un médaillon ovale, modelé par Emma Thiollier et ouvragé par Falize, représente l'archange et, derrière lui, le rocher d'Aiguilhe au Puy, "où Fayolle allait prier enfant". Composé tout entier de vélin, des aquarelles délicates racontent la vie et les hauts faits du général, d'après des vues prises le plus souvent sur les lieux mêmes par Emma Thiollier et Mlle Méhier, nièce du général.
Après les remerciements de Fayolle, c'est le banquet, dans la grande salle de gymnastique. Et encore des discours, une ode à Foch et des vivats. Les deux officiers généraux prennent place à côté du R.P. Bouillon, leur ancien professeur. Enfin une réception, réservée à un petit nombre, est organisée au collège. Il y sont reçus par Jean Mazodier, bâtonnier de l'ordre des avocats et président de l'AFEL, et l'abbé Masson, le directeur de l'établissement. Dans la chapelle, deux fillettes en costume d'Alsace et Lorraine les accueillent, portant toutes deux la Croix de guerre de leurs pères, anciens de Saint-Michel morts à la guerre. L'une d'elles est la petite fille d'Emile Keller, "grand patriote catholique et irrédentiste alsacien"...
Emile Fayolle et Ferdinand Foch revinrent encore à Saint-Etienne en 1926, deux et trois ans avant leur décès respectifs, cette fois pour les cinquante ans de l'association.
L'établissement ouvre ses portes le 4 novembre 1850. Il s'appelle collège Saint-Charles et il est situé rue de Roanne (futures rues du Président Wilson et du Général Foy). Dès l'année suivante, il change de nom et s'installe dans la rue du Vieux-Montaud (future rue Victor-Duchamp) dans un immeuble acheté aux Frères des Ecoles Chrétiennes. En 1911, il est confisqué et évacué. L'Association forézienne d'Enseignement libre (AFEL), composée de familles, achète alors une propriété située rue Emile (l'emplacement du collège actuel, rue Jules Vallès) où l'on transporte le Grand Collège. Le petit Collège, lui, s'installe rue Etienne- Dolet pour les 25 ans à venir.
Quand Foch et Fayolle viennent à Saint-Etienne en 1919, le Grand Collège n'a pas de chapelle et de salle de réunion suffisamment grandes pour accueillir tout le monde, d'où cette solution de repli vers la Résidence, à l'angle des actuelles rues Aristide Briand et de la Paix et Jacques Desgeorges. C'est le père Croizier, recteur du collège de 1877 à 1881, qui fit bâtir ces bâtiments destinés à l'instruction des ouvriers et structurés autour d'une chapelle.

Le maréchal Fayolle
Poursuivons la relation de cette visite. On la doit à un auteur anonyme, membre de l'association des anciens élèves. Elle figure à la fin du Livre d'or mentionné plus haut, édité en 1920. Après la messe, le Révérend Père Antoine Tissot, aumônier du collège, énumère les noms des anciens élèves morts au champ d'honneur. " Impressionnante litanie de ce catalogue héroà¯que, plus émouvante encore quand des noms se répètent deux, trois, quatre fois, multipliant la mort, l'héroïsme et le sacrifice !"
Le livre recense 271 anciens de Saint-Michel ayant combattu en 14-18. 107 ont trouvé la mort durant le conflit. Les noms sont classés par ordre alphabétique. Chacun a sa notice. Les plus longues sont bien sûr celles de Foch et Fayolle.
C'est Jean Allimant qui l'inaugure. Son parcours de soldat l'a conduit en Belgique, Champagne, Somme, Roumanie, Bulgarie et Russie où il fut fait prisonnier par les "Rouges". Evadé et bessé deux fois.
Sans que l'on connaisse les liens de parenté, on relève cinq soldats dénommés Tézenas du Montcel et cinq Colcombet (dont deux ont été tués). Mais encore deux Bouchut, deux sous-lieutenants dans des régiments différents, tous deux chevaliers de la Légion d'honneur et tous deux tombés en septembre 1914. On lit aussi le nom Longevialle à quatre reprises. Trois ont été tués.
Leurs affectations, les éventuelles appréciations, citations, décorations (Fayolle à lui seul en a reçu une douzaine, françaises et étrangères, du Japon à la Russie, de la Belgique aux Etats-Unis) et circonstances de leur mort sont renseignés. On lit par exemple de cet officier qu'il était "extrêmement vivant, ayant su tirer le maximum de ses hommes par sa crânerie au feu et son inaltérable gaîté...". Le baron de Rochetaillée, conseiller général, servant dans un régiment de cuirassiers, fut d' une "bravoure toute cavalière". Et c'est autre "a franchi les tranchées ennemis devant les Allemands en fuite, courant planter un drapeau tricolore sur la terre d'Alsace, en chantant..."
La plupart ont servi dans l'infanterie. Denis Epitalon aussi mais, lui, rejoignit l'aviation en 1915 (escadrille 15). Il fut cité à l'ordre de l'armée en décembre 1916 après avoir été blessé "au cours d'une mission particulièrement dangereuse" et avoir "soutenu dix combats aériens et ramené plusieurs fois son appareil gravement endommagé par des projectiles ennemis". Il le fut à nouveau fin mai 1917 après plus de 270 heures de vol. Un mois et demi plus tôt, étant d'escorte de reconnaissance, il a "disparu à l'ennemi après un combat sans merci".
Sa profession est précisée: "fabricant de rubans". Elle l'est de temps à autre, mais seulement quand il s'agit d'un architecte, médecin (les Guichard à Saint-Etienne et Bourg-Argental), ingénieur, avocat ou notaire. Noël Desjoyaux était quant à lui le fils d'un conseiller général et maire de Saint-Galmier. Les décorations sont parfois un peu exotiques. Ainsi Henry David, capitaine, fut fait chevalier de l'Etoile de Roumanie, et François David a obtenu la médaille du Mérite militaire grec pour "services précieux rendus à l'armée hellénique comme instructeur au 7e régiment de la division de Crète".
On lit les noms de dix Jésuites, dont le R.P. Franck de Contagnet, tué à Gallipoli en 1915, et Joseph de Boissieu, mort du typhus à Alexandrie cette même année.
Après Foch et Fayolle, un 3e grand "galonné" occupe toute sa place dans ce Livre d'or. Ce qui porte à quatre le nombre de généraux étant passés par Saint-Michel, si l'on compte Sordet. Il s'agit du général comte Octave Exelmans (Charles Marie Jacques Octave, 1854 - 1936). Il est le descendant du maréchal Rémy Joseph Isidore Exelmans, un fidèle de Napoléon Ier connu pour s'être illustré notamment à la bataille de Wertingen et avoir traversé la manche en barque après s'être échappé des geôles anglaises. Né à Lyon, Octave Exelmans commanda par intérim la 35e division puis prit le commandement de la 198e brigade d'infanterie. Chevalier de l'Ordre de l'Epée de Suède, Commandeur de Charles III d'Espagne, du Christ de Portugal, etc., etc.
La suite se déroule dans la salle de conférences ornée de drapeaux et tentures. Le maréchal et le général prennent place dans des fauteuils dorés. C'est le moment des discours, nombreux. Le président de l'association, Stéphane Germain de Montauzan, prend la parole le premier. Il avait servi pendant la guerre dans le service des chemins de fer et étapes, comme commissaire militaire dans diverses gares, notamment au camp anglais de Blarzies, dans l'Oise. Profession: avocat. Il s'adresse à Foch:
" Il y a cinquante ans, lauréat des classes de philosophie et de mathématiques, vous quittiez notre vieille maison après trois années d'études pour le collège Saint-Clément de Metz et l'Ecole Polytechnique. Vous étiez Ferdinand Foch tout court. Aujourd'hui, vous nous revenez auréolé de gloire, vainqueur des deux Marnes, de l'Yser et de l'Artois, généralissime des armées alliées et maréchal de France..."
Une épée d'honneur lui est ensuite remise. Il s'agit d'une oeuvre de l'artiste forézienne Emma Thiollier, exécutée par Falize. Ce dernier a en réalisées beaucoup, des épées d'honneur, d'après une notice biographique publiée dans Qui êtes-vous ? un who's who de 1924: pour le général forézien Berthelot, Mangin, De Castelnau, Joffre, le roi Alexandre de Serbie... A la garde de celle de Foch est représenté l'archange Saint Michel, qui est un des saints patrons de la France. Il conserve ses ailes mais il a la particularité d'avoir endossé pour la circonstance la capote du troupier français, crocheté le ceinturon, et serré les bandes molletières. Il piétine l'aigle allemande. Le maréchal apprécie, écrit l'auteur de la relation: " De toutes les épées d'honneur que j'ai reçues, celle que vous m'offrez sera la plus précieuse. Profondément touché, je vous en remercie."
Un Livre d'or est remis à Emile Fayolle. Sur le maroquin vert, un médaillon ovale, modelé par Emma Thiollier et ouvragé par Falize, représente l'archange et, derrière lui, le rocher d'Aiguilhe au Puy, "où Fayolle allait prier enfant". Composé tout entier de vélin, des aquarelles délicates racontent la vie et les hauts faits du général, d'après des vues prises le plus souvent sur les lieux mêmes par Emma Thiollier et Mlle Méhier, nièce du général.
Après les remerciements de Fayolle, c'est le banquet, dans la grande salle de gymnastique. Et encore des discours, une ode à Foch et des vivats. Les deux officiers généraux prennent place à côté du R.P. Bouillon, leur ancien professeur. Enfin une réception, réservée à un petit nombre, est organisée au collège. Il y sont reçus par Jean Mazodier, bâtonnier de l'ordre des avocats et président de l'AFEL, et l'abbé Masson, le directeur de l'établissement. Dans la chapelle, deux fillettes en costume d'Alsace et Lorraine les accueillent, portant toutes deux la Croix de guerre de leurs pères, anciens de Saint-Michel morts à la guerre. L'une d'elles est la petite fille d'Emile Keller, "grand patriote catholique et irrédentiste alsacien"...
Emile Fayolle et Ferdinand Foch revinrent encore à Saint-Etienne en 1926, deux et trois ans avant leur décès respectifs, cette fois pour les cinquante ans de l'association.