Tuesday, October 03, 2023
Le vendredi 21 mars 2008, le maire de Montbrison Philippe Weyne a baptisé le gymnase municipal au nom d'André Dubruc, le regretté co-fondateur du Basket Club Montbrisonnais, en présence de sa fille Annie Dubruc. Quant au nouveau gymnase, en cours de construction au nord de la salle Daval, il portera le nom de Jean Soleillant, cofondateur du BCM. Cet article, à terme, doit retracer dans les grandes lignes l'histoire du club. Dans les prochaines semaines, Mr Soleillant, aujourd'hui retiré des parquets, éclairera notre lanterne. Mais pour l'heure, nous vous proposons une première évocation des deux cofondateurs dont les noms honorent (et honoreront) les équipements de la cité forézienne.

Ce dossier a été réalisé par le service communication de la Ville de Montbrison. Nous remercions M. Denis Sebban pour son amabilité et M. Soleillant pour son autorisation.

André Dubruc est né le 28 novembre 1915 à Montbrison. Il s'est éteint le 16 juin 1992. Jean Soleillant a  également vu le jour sur les "rives" du Vizézy, le 1er mai 1915. Tous deux pupilles de la nation, ils ont fréquenté la même école maternelle Notre-Dame et ont porté les mêmes couleurs des P'tits Fifres Montbrisonnais, une société musicale et gymnique dirigée par l’abbé Martin. Les parties de basket se déroulent alors à l'extérieur, place Bouvier. Né à Springfiel (Massachussets), le basket  a été introduit en France par les troupes américaines durant la Grande Guerre. A Montbrison, il a été ramené de Montargis en 1926 par Jean Cerisier, futur directeur du journal La Liberté.

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1933
L’équipe des Petits Fifres Montbrisonnais remporte le championnat de la Loire juniors.
André Dubruc, c’est le plus grand à droite et Jean Soleillant, le second en partant de la gauche.

En 1933, André Dubruc, Jean Soleillant et leurs amis remportent le championnat de la Loire juniors face au club sportif de Saint-Etienne. Une année plus tard, en 1934, André Dubruc crée le Basket Club Montbrisonnais (BCM), alors que le comité de la future Fédération Française de Basket, laïc celui-là, venait d’être constitué. Parmi les compagnons de la première heure, on trouve notamment Romain Chaux, Marius Huguet (le premier président), Roger Bardon et Jean Soleillant, âgé aujourd’hui de 93 ans, et qui réside toujours à Montbrison.

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Baptême du Gymnase André Dubruc
(c)Ville de Montbrison – MN Paliard

Le club est promis à un bel avenir. Pour sa première saison, le B.C.M. termine second de son championnat derrière les Enfants du Forez de Feurs. L'année suivante, le club dispute son premier match en championnat de France contre l’A. S. Casino de Clermont. Les Auvergnats l'emportent sur le fil.  En championnat de la Loire Promotion,  les Montbrisonnais terminent seconds, derrière les Enfants du Forez. Au fil des saisons et des divisions, le BCM fut plusieurs fois champion de France en Nationale 2 et champion de France juniors.

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Saison 1934-1935
La première équipe du BCM avec de gauche à droite : Paul Lafay, André Dubruc, Roger Bardon, Marcel Morel, Georges Pinon et Marius Gros. Au milieu, en costume, se trouve Jean Soleillant.

La carrière sportive d’André Dubruc et de Jean Soleillant fut courte. Mais ils se sont impliqués énormément dans ce nouveau club, véritablement lancé en 1938, à leur retour du service militaire qu’ils accomplirent ensemble au 8e régiment de tirailleurs marocains à Belfort. Contrairement à Jean Soleillant qui fut secrétaire général sans interruption de l’origine jusqu’en 1960, André Dubruc n’a jamais exercé de fonction précise dans le bureau. En 1945, les deux amis sont invités pour la Coupe de Noël du SANAS Lausanne, à une époque où les équipes françaises jouent peu à l’étranger. En Suisse, les Foréziens  sont reçus comme des rois et remportent le tournoi ! Le BCM fut aussi en 1946 un des premiers clubs à se doter d'une salle spécifiquement dévolue au basket, l'actuelle salle Jean-Pierre Cherblanc, du nom  d'un ancien dirigeant, inaugurée le 9 février 1947.

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Mai 1945
Le stade de Beauregard est inauguré.
A partir de droite, on reconnaît André Dubruc, Jean Soleillant, Jean-Pierre Cherblanc et Pierre Sijallon, vice-président.
Emballés par cette expérience, les deux hommes décident de rendre cette invitation dès l’année suivante, en organisant pour Pâques et à Montbrison leur tournoi international, avec la participation de Lausanne, du Royal IV de Bruxelles (vainqueur des deux premières éditions) et de l’AS Monaco. 1500 personnes assistent aux matchs en extérieur, sur les actuels courts du Tennis Club Montbrisonnais. Succès populaire immédiat ! Et ce qui ne devait être qu'une aventure passagère dura en fait 50 ans, jusqu’en 1996…

Pendant de nombreuses années, le tournoi séniors de Montbrison (garçons et filles) fut l'un des plus prestigieux en France (il n’existait à l’époque que peu de tournois de cette envergure) et une référence en Europe qui valut à Montbrison le titre de "capitale du basket". Le Real de Madrid était l’un des grands habitués de ce tournoi, comme l’Etoile rouge de Belgrade, le Standard de Liège, Zagreb ou encore la grande équipe du CSP Limoges dans les années 1980.

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Années 1950
Après la Guerre, joueurs (dont le talentueux Georges Seux, avec la cravate) et dirigeants sont réunis autour de Félix Palmier, un président qui a compté. André Dubruc est le premier en partant de la droite.

Mais à la fin des années 1960, la formule de ce tournoi s’essouffle un peu. Aussi en 1971, avec l’aide de la jeune génération, dont Jean-Marc Boibieux, toujours fidèle au poste pour la 38ème édition en 2008, André Dubruc crée alors le tournoi international benjamins. Il porte aujourd'hui son nom et reste un des plus réputés en Europe. La dernière édition, en mars 2008, a vu évoluer des équipes italiennes, polonaises, ukrainiennes...

André Dubruc aimait beaucoup les jeunes. Il considérait le basket comme un outil pour les faire évoluer dans la société. D’une grande facilité de contact, il connaissait aussi beaucoup de monde dans les hautes instances du basket. Il entretenait par exemple de vrais liens d’amitié avec Robert Busnel, ancien joueur de Ste-Marie-de-la-Guillotière à Lyon, puis Président de la Fédération Française dans les années 1960, enfin de la Fédération internationale (1984-1990), mais aussi André Buffière, José Mora du club de Mataro, qui continue de présenter des équipes au tournoi. Jean Soleillant quant à lui a quitté Montbrison pour raisons professionnelles, avant d’y revenir comme percepteur municipal, et de s’impliquer à nouveau dans le monde sportif montbrisonnais, mais le tennis cette fois. Sa fille jouant au TCM, il fut président pendant 18 ans, de 1974 à 1992. Une autre vie bien remplie au service du sport !