Note introductive de Forez Info : Ce petit texte a été publié en avril 2019 dans le cahier d'histoire n°35 de l'IHS CGT de la Loire à l'occasion des 150 ans du Syndicat du Livre de Saint-Etienne. Il rappelle que si Saint-Etienne a été un centre important de l'imprimerie, l'arrivée de cette activité y fut fastidieuse. Son auteur est René Danti, secrétaire du Syndicat du Livre FILPAC-CGT et de l'IHS « Benoit Frachon ». Nous avons déjà reproduit un de ses textes, consacré à un conflit de sept mois dans les imprimeries stéphanoises en 1949. Lien en bas de page.
Il s'agit ici de la seconde partie de pages débutant avec un bref historique de l'imprimerie et se poursuivant avec la situation à Lyon, en particulier le « grand tric », nom donné à la révolte des ouvriers typographes lyonnais en 1539. Nous ne reproduisons pas ces passages. A ces pages en ont succédé d'autres, dans un autre cahier, consacrées au mouvement ouvrier dans le secteur du livre sous le Second Empire.
En 1766, Mathieu Magnien obtenait la permission d'exercer à Montbrison l'imprimerie et la librairie. Le premier imprimeur connu à Saint-Etienne ne date que de 1790, un nommé Boyer dont on retrouve le nom puis celui de sa femme et celui de son fils dans les annuaires et les statistiques officielles. Dans la région, la profession d'imprimeur n'était guère libre si l'on en juge d'après le règlement de 1784 à Saint-Chamond qui défendait de publier ou d'afficher aucun imprimé sans l'autorisation du juge seigneurial.
En 1790 Saint-Etienne comptait 28 000 habitants et connaissait un développement très rapide. Jusqu'à cette date les administrations s'adressaient aux imprimeurs lyonnais pour faire exécuter leurs travaux car jusqu'à la Révolution l'imprimerie y était en effet presque totalement inconnue ; on y comptait deux libraires et deux papetiers. Le premier imprimeur, Joseph Boyer, arrivait d'ailleurs de Lyon à la demande du maire Antoine Neyron qui avait exposé en juin 1790 les difficultés rencontrées par la municipalité pour imprimer. Le sieur Boyer proposait d'établir une imprimerie si la municipalité lui fournissait un logement de trois pièces (une pour l'imprimerie, une pour la cuisine et une autre pour la chambre) et si elle s'engageait à lui donner tous ses travaux au tarif. Le 29 juillet, le maire était autorisé à signer dans la maison du sieur Vial de la Pauzière, rue Tarentaize, un bail pour l'imprimeur de six ans au prix de 290 francs l'an. L'immeuble Vial, dans lequel s'installa l'imprimerie Boyer, était situé vers l'intersection de la rue Tarentaize et de l'avenue Augustin Dupré. Boyer eut comme successeurs Montagny, Ménard, Champliau-Ménard, Monteiller, Peyronnet et Rigaud.
En 1809, il n'existait que deux papeteries dans le département. La première, fort ancienne et établie par un ouvrier de Thiers, se trouvait à Renaison. Son propriétaire ne l'exploitait pas lui même et l'affermait pour 900 francs/an. L'autre était située à Boën-sur-Lignon. Elle était un peu plus conséquente mais c'est Roanne qui est devenue ensuite un véritable centre papetier.
La statistique départementale établie en 1818 par le sous-préfet Duplessy indique :
A Montbrison : Cheminal, imprimeur ; Bernard, imprimeur-libraire ; Epinat, libraire ; Faure, libraire.
A Saint-Etienne : Jean-Pierre Boyer, imprimeur ; Durand-Sauret, imprimeur
A Roanne : Ayné, imprimeur-libraire ; Veuve Dechaume, imprimeur-libraire ; Veuve Meyer, libraire.
Ving ans plus tard, il y a à Saint-Etienne cinq imprimeurs lithographes et papetiers. En 1848 on citait notamment les noms de Janin, Pichon, Bénevent, Théolier et Lantz. C'est vers cette époque qu'apparurent de nombreuses revues savantes, des journaux publics comme La Voix du Peuple (neuf numéros en 1848) ; La Sentinelle Populaire dont la publication fut suspendue l'année suivante ; puis sous le Second Empire, Le Divan, Le Grillon, La Pioche, Rigoletto, La Guêpe, La Girouette débonnaire et discrète, feuilles littéraires ou satiriques qui précédèrent les journaux comme Le Courrier de la Loire, La Vérité, L'Indépendant, L'Eclaireur, Le Samedi, La Loire, Le Progrès, Le Mémorial de la Loire, La Tribune Républicaine.
En 1869, lorsque fut fondée la Chambre syndicale typographique stéphanoise, la ville comptait sept imprimeries :
Peyronnet, 70, rue Rouget de Lisle
Mulcey, 14, rue de l'Egalerie
Waton, 12, rue Gutenberg
Théolier, 12, rue Gérentet
Seigneur, 11, rue de la République
Ollagnier, 5, rue de la Terrasse
Bruyère, 8 place Carnot