Mais les habitants connaissaient l'existence de cette eau minérale gazeuse bien longtemps avant la signature de la déclaration d'utilité publique, qui est un peu son acte de baptême.
Grâce à leur vaches dont ils avaient remarqué l'avidité avec laquelle elles s'en abreuvaient, si l'on en croit Louis-Joseph Gras dans son Histoire des eaux minérales en Forez (1923). Le premier captage date du début des années 1850 mais au moment de la venue de François Parot, ce premier puits était comblé.
Entrepreneur de travaux publics, le Lyonnais, qui travaillait sur le chantier du canal du Forez dans les années 1880, fut bien inspiré de lancer des sondages. Il a donné son nom à une des trois sources exploitées et à sa société, créée en 1899. 110 ans plus tard, l'entreprise est toujours familiale (famille Arnaud depuis 1992) et indépendante*. Elle emploie une quarantaine de salariés.
Les deux autres sources sont Fontfort et Puits Saint-Georges. Fontfort fut la première exploitée, dès 1859. La source Puits Saint-Georges a été mise à jour en 1891. Au passage, ne pas confondre puits et puy qui a donné son nom au village. Un puy étant un pic, podium en latin, comme dans le nom du Puy en Velay. Le forage Fontfort est situé sur le site de l'usine, contrairement au forage Puits Saint-Georges, de l'autre côté de la route et dont l'eau est commercialisée par Casino et Monoprix via un contrat de partenariat. La profondeur des forages varie de 60 mètres (Parot) à 150 mètres (Puits St Georges) et 200 mètres (Fontfort).
De l'eau qui pique...
L'office de tourisme de Loire Forez propose de visiter l'usine tous les mardis matins jusqu'au 24 août. Une quinzaine de personnes ont donc suivi Laurent ce 3 août pour une découverte du site, du captage à l'embouteillage en passant par le soufflage des bouteilles en plastique. Dans le local où débute la visite, un appareil affiche des données concernant l'eau minérale qui stagne dans les profondeurs. Ainsi la hauteur d'eau de la source Fontfort est de 31,32 mètres. Et sa température avoisine les 19°. Le guide explique l'étape de la déferrisation, où comment l'eau est dégazéifiée - le gaz mis de côté dans une sorte de gros ballon pendant que l'eau reçoit de l'air pour provoquer l'oxydation du fer - et le gaz de source réintroduit après filtration du dépôt rouge.
A découvrir encore, l'espace où les bouteilles prennent corps. A l'origine elles ne ressemblent à rien si n'est à des tubes à essai de laborantin en polyéthylène dotés d'un goulot. Ces préformes, en provenance de Nantes, passent dans une machine où elles sont ramollies à près de 300° degrés. Dans un moule, qu'on change en fonction de la forme à donner, elles reçoivent ensuite une injection d'air comprimé qui dessinera leur ligne. 16 000 bouteilles défilent ainsi à l'heure sur deux circuits, pour petits et grand format. Ce sont deux des trois futures chaînes d'embouteillage, l'autre étant réservée aux bouteilles en verre, destinées à l'hôtellerie et la restauration.
En haute saison, jusqu'à 264 000 bouteilles sont conditionnées à l'usine, sachant que son activité se déploie aussi dans l'embouteillage de sodas. Et 164 000 en basse saison.
* Badoit est une marque du groupe Danone. La société des Eaux de Saint-Alban, au nord du département, appartient depuis 2007 à Refresco, une holding hollandaise.