A la lecture d'un bref article récemment publié sur le site internet du quotidien local, une fée verte - si on peut dire – s'est rappelée à notre bon souvenir. Il s'agit de la Cristille de Noirétable, une liqueur qu'une association du même nom promeut depuis une vingtaine d'années. L'article indique que cette dernière a présenté un projet « censé maintenir [son] activité en assurant le développement économique de la liqueur ».
Nous avons retrouvé dans le fouillis de nos archives foréziennes un petit historique que Georges Bouclon nous avait communiqué il y a quelques années lors de notre venue à Noirétable. A l'époque, c'est à dire vers 2010, et depuis 1997 Georges Bouclon mettait en bouteille – nous ignorons si c'est encore le cas aujourd'hui – ce précieux breuvage (40°).
La Cristille a été créée à la fin du XIXe siècle par des frères nommés Bertrand. Leur père médecin les aida dans la mise au point de cette boisson aux vertus toniques et digestives.
Son nom vient du prénom Christine qui était semble-t-il celui d'une fille Bertrand.
Le secret de sa fabrication fut ensuite transmis à deux messieurs, nommés Piney et Messie, puis à un monsieur Borel qui fut le dernier à la fabriquer avant 1940. La distillation était faite dans le quartier de la Barotie. Un monsieur Moussey fut le dernier dépositaire de cette grande liqueur dont le nom avait été mentionné jusque dans le guide Michelin dans les années 30, quand Noirétable était une station climatique. On trouve même mention d'un siège social sur le boulevard Saint-Germain à Paris...
La Seconde Guerre mondiale entraîna la pénurie d'alcool, de sucre et de plantes, et la fabrication fut arrêtée. Il y a une vingtaine d'années, des Nétrablais sont partis à la recherche de la recette oubliée. Il fallut d'abord en retrouver la composition exacte et les proportions. Il se trouve qu'une dame Véricel détenait la formule suite au décès de monsieur Borel... A lire la liste communiquée par monsieur Bouclon, plus d'une quarantaine d'ingrédients entrent dans sa composition actuelle, du safran au coriandre d'Albi, de la menthe sauvage à la marjolaine en passant par le génépi, l'arnica, l'origan des Alpes, etc., sachant aussi qu'à l'origine, la formule contenait sans doute de l'absinthe...
Ancienne et très belle affiche de Marcel Lebrun pour promouvoir la liqueur de Noirétable, avec prieuré reconstitué