
Né en 1924 à Tblissi, en Géorgie, de parents arméniens, Sergueï Paradjanov le Grand s'est éteint en 1990 en laissant un riche héritage artistique. Figure emblématique de la résistance à l'oppression, il est surtout connu pour ses films, notamment Les chevaux de feu (1964) et Sayat Nova, couleur de la grenade. Des oeuvres majeures, envoûtantes et baroques où le cinéaste filme avec l'oeil du peintre. « Dans mes films, disait-il, les gens ne se parlent pas, on a l'impression qu'ils sont tous sourds et muets. C'est vrai, mais dans la peinture aussi, les gens se regardent, mais ne se parlent pas. Dans une fresque religieuse, la Vierge ne parle pas à Jésus, pas plus que les anges. La peinture est muette, mes films aussi...»
Mais ses créations plastiques, collages photographiques ou en volume, et dessins, constituent aussi une grande part de son oeuvre. Paradjanov le Rebelle, censuré sous l'ère soviétique et à deux reprises emprisonné a exprimé avec elles la fantaisie sans limite de son esprit. Elles sont présentées par ensembles thématiques : les oeuvres de l'enfermement, les icônes, le cinéma, les épisodes de la vie de la Joconde, etc. Toutes sont d'une extraordinaire inventivité et dévoilent la fascinante richesse symbolique de l'univers de l'artiste, à la croisée des cultures d'Orient et d'Occident, dans la lignée des icônes, des fresques, des miniatures et des mosaïques. Paradjanov le Byzantin.
La valise de mon enfance transformée en éléphant (1983)
A Larissa Kadochnikova par exemple est une icône mais une icône inquiétante, pleine de "sombritude" avec ses fleurs noires séchées et son bout de cierge, un film compressé où l'enfant Jésus Apollon, avec ses cheveux cousus de fils d'or, sa mère et les témoins de la scène n'expriment pas grand chose et rien de très réjouissant. Dans la préface du catalogue de l'exposition, Henry-Claude Cousseau écrit pour sa part: « Chaque cadre de Paradjanov était un tableau. Il pouvait prendre le moindre morceau de tissu, déplacer de quelques centimètres un accessoire et créer ainsi une image d'une beauté et d'une force étonnantes.» Pierres, échantillons de tissu, bois, verre, pièces de monnaie, bouts de tissus, fleurs séchées, jouets... et une foule d'autres objets et matériaux, tout chez Paradjanov participe de la création. L'artiste était aussi chaman.
C'est notamment en présence d'Edward Nalbandian, ambassadeur d'Arménie et du député François Rochebloine, président de France Arménie qu'a eu lieu le vernissage de l'exposition. .

Apollonia, échanges artistiques européens, propose également de découvrir l'Arménie à travers trois générations d'artistes et sa création cinématographique et vidéographique. "Glorieuses futilité" propose une programmation d'art vidéo faite par Ruben Arevshatyan, critique d'art et commissaire d'exposition résidant à Erevan. Les artistes présentés ici illustrent l'évolution de l'art vidéo en Arménie, tant à travers les progrès de la technologie audiovisuelle que par le contenu des oeuvres. Le discours est souvent descriptif mettant en relief une situation socio-économique chaotique, oscillant entre ancien système soviétique et nouvelle réalité néo-libérale. "Rencontre avec le cinéaste Gareguine Zakoyan": Né en 1947, ancien camarade de route et disciple fidèle de Sergueï Paradjanov, Gareguine Zakoyan constitue aujourd'hui la mémoire vivante de l'épopée cinématographique arménienne. Il a beaucoup oeuvré pour le format documentaire qui offre un contenu informationnel mais permet également une approche esthétique, symbolique, voire poétique de la réalité. Enfin, présentation d' oeuvres de Paradjanov: Les Fresques de Kiev, 1966, Hovnatanyan, 1967 (documentaire sur le portraitiste arménien Hakop Hovnatanyan), Sayat Nova, la couleur de la grenade, 1968 (film sur le poète arménien Hanoutioum Saïadan).
Jusqu'au 20 mai 2007