Si à Montbrison les murs parlent, que nous disent-ils ?
Notre balade débute dans l'hôtel de ville, ancien couvent des Cordeliers, où Jeanine Paloulian, l'adjointe au Patrimoine et à l'Histoire, accueille les visiteurs dans la salle des mariages, l'ancienne salle du conseil. Désormais, celui-ci tient ses assemblées dans la salle de l'Orangerie. Deux tableaux décorent les murs de cette salle qui mériterait d'être rafraîchie. L'un représente la préparation de la fête nationale à Paris, l'autre le retour des moissons. Signés respectivement Louis-Jules Dumoulin et Jean-André Rixens, ils datent des années 1880 et appartiennent à l'Etat. Si la scène parisienne rappelle la République, la scène paysanne, elle, colle bien à notre bon vieux Forez. D'autant plus en ce jour de marché où les producteurs ont investi les rues de la cité. La République, on la retrouve sous les traits de Marianne. Une bien belle femme, la Pauline. Il s'agirait en effet, ici statufiée, de Pauline Bonaparte, la sœur de Napoléon.
Petit tour dans la chapelle Sainte-Anne, l'ancienne chapelle de l'hôtel-Dieu, fondé en 1220, ce qui en fait l'un des plus vieux hôpitaux de France. Y oeuvrèrent pendant plus de trois siècles, à partir de 1654, les religieuses de l'ordre de Saint-Augustin (Augustines). Ce lieu fut la chapelle à l'hôpital jusqu'en 1975, année du transfert de l'hôpital à Beauregard. Il servit durant vingt ans, de 1995 à 2015, de lieu de culte protestant. Ses vitraux représentent des thèmes hospitaliers : Notre Dame de Délivrance (pour un accouchement heureux), la mort de saint Joseph (thème assez rarement représenté), le Christ thaumaturge (qui guérit), le saint Curé d'Ars au milieu des affligés.
A Beauregard, quartier édifié dans les années 70, l'association Forez Colors et de nombreux autres artistes ont investi une tour de Loire Habitat promise à la démolition ces prochains mois. C'était la dernière occasion de découvrir leur travail. Gros succès, bien mérité, de ces J.E.P., nous semble-t-il.
Au collège Victor de Laprade nous attendent les fresques du père Couturier et les beaux vitraux contemporains dessinés par le peintre espagnol Francisco Borès. Ceux-ci ont été réalisés par le maître-verrier Henri Déchanet à la verrerie de Saint-Just dans les années 1960. Représentant sept épisodes de la vie du Christ, ils décorent la chapelle de ce qui fut autrefois le couvent des Ursulines, devenu collège communal au début du XIXe, puis petit séminaire (1824, appelé institution Victor de Laprade en 1907), collège de garçons en 1968 et collège mixte dix ans plus tard. Parmi les peintures de Marie-Alain Couturier, père dominicain et l'un des principaux rénovateurs de l'art sacré en France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il y a la grande fresque du choeur de la chapelle. Peinte en 1933 en moins de dix heures, elle représente, autour du Christ ressuscité que survolent des anges, et outre saint Michel, Jeanne d'Arc, Joseph Cottancin, professeur tué à Verdun, et le curé d'Ars, plusieurs foréziens – certains morts en martyrs - qui furent tous élèves au séminaire: saint Jean-Pierre Néel (Chine 1862), André Tamet (Tonkin, 1884), Pierre Bouchand (Sahara, 1876), Etienne Rival (Laos, 1884), le père Satre (Laos, 1885).
Notre balade montbrisonnaise s'achève au Musée d'Allard où une fresque inaugurée il y a peu décore désormais un des murs extérieurs. Réalisée par la société lyonnaise CitéCréation, elle rend hommage à Jean-Baptiste d'Allard, bienfaiteur de la cité, grand collectionneur de curiosités auquel le musée consacre actuellement une exposition.
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