Deux romans à notre connaissance jouent avec le loup dans le Pilat. Le dernier en date est Les loups du Pilat de Michel Verrier (2016). Il y eut auparavant La Bête du Pilat (une enquête de Addamah et Manset) de Bernard Domeyne (2015) dans lequel l'auteur rappelle en passant le souvenir de la bête du Gévaudan, celle des Vosges, et autres plus ou moins fameuses.
Mais alors, celle du Bessat ? Patrick Berlier a déjà raconté cette histoire fumeuse dans nos pages (rubrique flâneries et chroniques pilatoises) en évoquant le lieu-dit du "Creux du loup".
« Selon les uns, c'était l'emplacement d'une cabane construite par un paysan, vers 1800, d'où il aurait tué une trentaine de loups. Comme le disait l'abbé Seytre, auteur d'une description du Mont Pilat parue en 1874 : "Bessataire ou louvetier, c'est tout un." Selon d'autres, c'était la tanière d'un loup énorme, qui terrorisa la région, avant d'être abattu au Col de la République, vers 1900. L'affaire de la "bête du Bessat" défraya pourtant la chronique, à la fin du XIXe siècle : une hyène, ou une panthère géante, hantait la forêt, à en croire les paysans. En juin 1897, tourmentés par cette histoire, trois garnements s'enfuirent de leur collège à Saint-Etienne et prirent le chemin du Pilat pour aller exterminer la bête. Pendant deux jours ils parcoururent les bois et les crêtes, puis on les retrouva, exténués, au Planil où ils avaient demandé l'hospitalité à un fermier. A origine des rumeurs il y eut quand même un fait réel : vers 1895, des Bohémiens perdirent un petit singe en passant par le Col du Grand Bois. Ils se plaignirent de cet incident à un paysan rencontré en chemin, l'histoire fut répétée de ferme en ferme et lorsqu'elle arriva au Bessat le singe s'était transformé en animal monstrueux ! »
A peu près à la même époque de ces événements, le docteur Francus relatait dans son Voyage humoristique, politique et philosophique au Mont-Pilat (1890) :
« Au sujet des loups, il faut citer ce passage d'une lettre que le curé de Saint-Romain-Lachalm, près de Dunières, écrivait à Dom Bourotte vers1760 : "Le pays est sauvage. Les loups trouvent encore le moyen de s'y mettre à l'abri des coups de fusil."
Chabourdin nous montra dans son Guide Joanne, qui était son évangile de voyage, que le loup et le renard se rencontrent quelquefois sur le Pilat.
- Que peuvent-ils bien se dire ? dit l'abbé en souriant.
Je demandais au chasseur s'il y avait bien des loups au Pilat.
- On peut répondre, dit celui-ci, qu'il y en a et qu'il n'y en a pas. Pour ma part, je n'en ai jamais vu et M. Seytre de la Charbouze en parle d'une façon prouvant au moins qu'ils y sont rares. Or, il est essentiel de noter que le loup n'est pas une bête domiciliée comme le renard et, de plus, que c'est un terrible marcheur. Il se peut fort bien qu'abandonnant les régions les plus sauvages de l'Auvergne, il fasse des apparitions au Pilat, mais je doute fort qu'il y prolonge son séjour, car le Pilat ne possède plus de recoins assez sauvages pour le cacher. Vous savez que le loup peut courir une journée entière sans être rendu. Il va toujours droit devant lui. Si on l'a manqué au départ ; c'est fini, on ne l'atteint plus. Pour le renard, c'est autre chose... »
Voici enfin une brève parue dans Le Petit journal, édition du 16 juillet 1863. Dénichée par hasard ce jour au gré d'une recherche sur Gallica, elle est à l'origine de cette page :
« Les communes de La Chapelle-en-Lafaye et Montarcher ont beaucoup à se plaindre des loups ; il paraît que dans l'espace de trois semaines (bon déjà, ce n'est pas très sûr, ndFI), ils ont dévoré dix moutons et le 6 du courant, ils ont été cause d'un bien triste accident. Une jeune fille de dix-neuf ans s'était armée d'un pistolet pour défendre son troupeau ; le loup étant venu, elle voulut tirer son arme et elle éclata dans sa main en faisant de graves blessures. »
Cette même année, Louis-Pierre Gras publiait son Dictionnaire du patois forézien dans lequel on lit Le Lu et le Reynard, conte en patois de Saint-Jean-Soleymieux dont l'action se déroule à Montarcher...
Photos/archives FI: Auvers (Haute-Loire), sculpture rappelant le combat de Marie-Jeanne Valet contre la bête du Gévaudan, chapiteau de l'église de Rozier-Côtes-d'Aurec