Tuesday, November 28, 2023


Même pas mort... de froid. Grâce au feu - vive le feu ! - qui brûle dans le vieux fût métallique. On exagère... un peu. Car il caillait vraiment chez Greenhouse le 10 février au soir. N'empêche qu'on était quelques-uns à  s'être ralliés au panache noir des BxN. Le signal avait été donné par le carton d'invitation de cette nouvelle expo, d'inspiration toute bérurière. On le décrirait, façon héraldique, burelé d'argent et de gueules, de dix pièces, un dindon brochant sur le tout.

 

L'idée de cette exposition en forme d'hommage au groupe mythique de la scène alternative, qui en appellera une deuxième, revient à  Emmanuel Louisgrand. D'une autre génération, le commissaire - d'exposition ! - était " un peu gaminos" pour pouvoir connaître la sueur des pogos de la grande époque de la "zone mondiale". Simon Feydieu est né en 1984, cinq ans avant la dissolution des Bérus. Il les a connus plus tard, par procuration, à  travers disques et documents. C'est pourquoi, nous dit-il, il a éludé l'idéologie et le folklore purement punk du groupe, pour l'aborder plutôt à  travers son écriture, qu'il qualifie de "poésie de l'absurde".

 

Il a sélectionné quatre vidéos intéressantes pour leur caractère de fable contemporaine et l'image qu'elles donnent d'un contexte social proche de celui décrit dans certains textes de Bérurier Noir. "Je suis parti de quelques morceaux tels que Scarabée, Les Bûcherons, L'Empereur Tomato Ketchup, La Mère Noël... Ce sont aussi des fables, des allégories qui viennent d'une sorte de classe populaire, militante, de minorité. On découvre encore une résonance entre la façon dont ces vidéastes, originaires de trois pays, travaillent et le Punk, la manière de réaliser des albums avec une économie de moyens."  Il s'agit d'Olivier Nourisson, Jordi Colomer, Eléonore Saintagnan et Shingo Yoshida. Leurs vidéos nous montrent un pastiche de documentaire ethnologique des années cinquante; trois enfants observés dans leur petit monde; un accident poétique à  Lyon et un proche parent du Père Fouettard dans ses oeuvres à  Saint-Nazaire. Elles sont projetées derrière une palissade en bois avec des pointes qui pourrait rappeler un oppidum, si "quelque part dans la Gaule, un p'tit squat résiste". Elle a été conçue par Thierry Liegeois et dissimule des gradins et un poulailler. " Je voulais aussi qu'il y ait une vraie expérience de déambulation dans l'espace, qu'on puisse essayer d'y trouver sa place, ajoute Simon Feydieu. En imaginant que l'expo puisse fédérer une communauté, un peu comme le groupe avait su le faire avec son public qui participait du carnaval. "

 

Lors du vernissage, Olivier Nourisson et Constantin Alexandrakis ont proposé une performance "Das Dingbat" qui consiste à  décrire en quelques mots des photographies qui s'accumulent. Ce qui nous donne un chien flippant, un homme qui se prend pour une poupée barbie, une femme qui fait danser des saucisses, un ballon avec une perruque, un bunker déguisé en grange...

 


 


 

L'exposition est présentée jusqu'au 2 mars 2012.

11 rue de l'Egalerie (site Mosser, à  Bellevue)